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Art Shopping : Stéphane de Boysson

Interview avec un homme pressé 

La 36ème édition du salon consacré à l’art contemporain, au Carrousel du Louvre, Art Shopping, sera une année record, selon le Directeur Commercial, Stéphane de Boysson. Entrepreneur majeur du marché de l’art, Stéphane partage son temps entre Dubaï et Paris. Au micro de KissCity Mag, il se confie sur son rôle, sa vision du secteur, ses projets et les nouveautés qui vous attendent du 17 au 19 octobre 2025 ! 

Par Estelle GUEÏ

 

 

 

Stéphane de Boysson, Directeur Commercial et Ambassadeur du salon international dédié à l’art contemporain, au Carrousel du Louvre, Art Shopping

 

  

Bonjour Stéphane, « Derrière chaque création se cache une voix, une intention ». Racontez-nous votre parcours de Dubaï à Paris ?

Je suis Parisien d’origine et c’est à Paris que s’est construite l’essence de mon parcours. Ma carrière a commencé chez Yellow Korner comme Directeur commercial Europe, puis je me suis très vite tourné vers l’évènementiel artistique. Depuis 13 années, j’organise des salons d’art et j’occupe le rôle de Directeur Commercial et Ambassadeur d’ART SHOPPING, en accompagnant aussi bien les exposants que les visiteurs et les médias.

 

 

Art Shopping au CID à Deauville pour la 5ème édition 

 

Quel lien entretenez-vous avec Dubaï ?

Mon lien avec Dubaï ? Il s’est d’abord forgé sur un plan personnel, grâce à des amis établis sur place. J’ai ensuite eu l’occasion de participer au lancement de World Art Dubai, un salon qui occupe une place majeure sur la scène artistique du Middle East et qui fait écho, par sa ligne et son segment, à ART SHOPPING et son attrait international.

Plus tard, pour des raisons familiales, j’ai décidé de m’installer à Dubaï. J’y ai travaillé comme Art Advisor pour un important groupe de galeries, avant de revenir à mes activités entre Paris et les Émirats. Aujourd’hui, ma vie professionnelle s’articule donc entre ces deux pôles artistiques, Paris et Dubaï, au cœur du marché de l’art.

 

Stéphan de Boysson a participé au lancement de World Art Dubai

 

Quel est votre rôle au sein de l’aventure ART SHOPPING ?

Mes journées sont particulièrement intenses, surtout à l’approche de la 36ᵉ édition d’ART SHOPPING, qui s’annonce déjà comme une édition record depuis la création du salon en 2007. L’équipe a été récemment renouvelée et renforcée, ce qui rend l’aventure encore plus stimulante et dynamique.

Mon rôle s’articule autour de 3 missions principales :

  • La sélection des exposants : avec mon équipe, nous réceptionnons les candidatures d’artistes et de galeries, j’examine leurs travaux et je valide les dossiers retenus avant de leur transmettre l’ensemble des informations nécessaires à leur participation.

 

  • L’accompagnement commercial et stratégique : au-delà de la dimension artistique, il y a naturellement un enjeu économique. Même si ART SHOPPING reste un salon accessible dans un lieu prestigieux, il est essentiel de convaincre artistes et galeries de la valeur ajoutée et des nombreux avantages qu’offre leur présence à l’événement.

 

  • La croissance du chiffre d’affaires : je suis également garant de la performance économique du salon. Cela implique non seulement de veiller à l’atteinte des objectifs commerciaux, mais aussi d’anticiper les tendances du marché, de renforcer nos partenariats et d’explorer de nouvelles pistes de développement. C’est un travail d’équilibre entre accessibilité et rentabilité, qui assure la pérennité et la montée en puissance d’ART SHOPPING à chaque édition.

Notre notoriété et notre historique parlent d’eux-mêmes : ils nous permettent d’attirer toujours plus de talents, de diversifier notre offre et de consolider le rayonnement d’ART SHOPPING sur la scène artistique internationale

 

Le graffeur Fluo Sobre exposera aussi à Art Shopping

 

Donc si je comprends bien, dans un premier temps, vous traitez les demandes dîtes entrantes ?

Tout à fait. Mais mon rôle ne s’arrête pas là : j’interviens également en qualité d’Ambassadeur d’ART SHOPPING. Concrètement, cela consiste à faire rayonner le salon auprès de galeries et d’artistes qui ne le connaissent pas encore, et à les convaincre de nous rejoindre. C’est d’ailleurs ce travail de promotion et d’ouverture qui nous permet, pour cette 36ᵉ édition, d’accueillir déjà 49 nationalités représentées. Octobre est déjà une édition record, et il reste encore quelques espaces disponibles. Dépasser 50 nationalités, serait une symbolique historique pour ART SHOPPING.

 

Une année record pour la 36 ème édition d’Art Shopping avec 49 nationalités représentées

 

 

Il reste encore une petite dizaine d’espaces disponibles pour les artistes et galeries qui hésitent encore à exposer à ART SHOPPING ?

Pour vous donner un ordre d’idée, cette nouvelle édition nous conduit à agrandir le Salon, tant la demande est forte et la jauge déjà exceptionnelle. Ce succès est le fruit d’un travail intense, mené malgré une période de recomposition de l’équipe.

Au cours des dix derniers mois, plusieurs personnes occupant des fonctions clés nous ont quittés. Certains postes ont été remplacés rapidement, d’autres ont nécessité davantage d’efforts, comme celui de notre responsable facturation et relation exposants, qui nous a quitté il y a seulement quelques jours. Ce rôle étant central dans l’organisation, son départ représente un véritable défi.

Néanmoins, grâce à la mobilisation et à la complémentarité de l’équipe actuelle, nous avons su maintenir le cap et préparer une édition record, preuve de la solidité et du dynamisme d’ART SHOPPING.

 

Art Shopping, une sélection d’artistes et de galeries de dimension internationale

 

 

Comme vous le dîtes, votre historique parle pour vous. Quels sont les arguments que vous donnez en tant que Directeur Commercial et Ambassadeur, aux artistes et galeries qui pourraient encore hésiter ?

Écoutez, c’est assez simple : l’appellation ART SHOPPING a l’avantage d’être parfaitement explicite. Nous proposons une véritable plateforme de rencontres entre artistes, galeries et collectionneurs ou amateurs d’art — qu’ils soient primo-accédants ou primo-acheteurs — dans un cadre exceptionnel.

 

Art Shopping se déroulera du 17 au 19 octobre à Paris, au Carrousel du Louvre, dans un cadre exceptionnel

 

L’événement met en lumière une sélection d’artistes et de galeries de dimension internationale, face à un public à la fois régional, parisien et francilien. ART SHOPPING, c’est donc la rencontre de l’art international avec un public français, principalement basé à Paris.

De nombreuses ventes se concluent directement sur place, au bénéfice de tous. Et c’est un point essentiel : toutes les transactions se font en direct, sans intermédiaires. Le salon ne prélève bien entendu aucune commission, ce qui constitue une véritable force et une garantie de transparence pour les exposants comme pour les acheteurs.

 

Stéphane de Boysson, Directeur commercial et Ambassadeur d’Art Shopping

 

Peut-on parler de volumes de ventes ? Avez-vous une fourchette à nous communiquer ?

Oui, bien sûr. Pour vous donner un ordre d’idée, un exposant qui participe à ART SHOPPING réalise en moyenne 50 % de ses ventes directement pendant le salon. Les visiteurs découvrent les œuvres, choisissent leurs coups de cœur et repartent immédiatement avec, grâce à un système simple et pratique : tout est emballé sur place, ce qui évite les contraintes de transport ou de logistique. Pour les formats plus imposants — une grande toile ou une sculpture lourde, par exemple — la vente est conclue sur le salon mais la livraison est effectuée ultérieurement.

Il est important de préciser qu’environ 50 % des ventes se finalisent dans les semaines qui suivent le salon. Les acheteurs prennent parfois le temps de réflexion avant de confirmer leur engagement, ce qui rend le volume total difficile à quantifier avec précision.

De notre côté, le seul indicateur concret reste le comptage des bons de sortie (les œuvres emportées sur place). Sur la base de l’expérience et du recul de nos dernières éditions, nous estimons qu’ART SHOPPING génère environ 3 000 à 5 000 ventes par an, réparties entre nos deux rendez-vous : l’édition printanière d’avril (en parallèle d’Art Paris) et l’édition d’automne d’octobre (pendant l’Art Week).

 

Les exposants d’Art Shopping exposent et vendent sans intermédiaire

 

 

La victoire dont vous êtes le plus fier ?

Sans hésiter cette 36ᵉ édition d’ART SHOPPING, record, alors même que le marché de l’art traverse une période de net ralentissement. Ce succès démontre la vitalité et l’attractivité uniques de notre salon : il continue d’attirer artistes, galeries et collectionneurs malgré un contexte économique et artistique globalement en berne.

Au contraire l’échec qui vous a en même temps fait grandir ?

L’un de nos rares « échecs » a été, en quelque sorte, un revers malgré nous. À un moment, nous avons souhaité élargir l’aventure en dupliquant le concept ART SHOPPING dans des villes correspondant parfaitement à notre ADN : Deauville, La Baule et Biarritz. Nous organisions ainsi plusieurs salons : deux à Paris au Carrousel du Louvre, mais aussi à Deauville au CID, haut lieu du Festival du Film Américain, à La Baule au Palais des Congrès Atlantia, et à Biarritz dans un cadre prestigieux, le Casino.

Malheureusement, en plein développement, la crise du Covid est venue bouleverser nos projets. Nous avons dû abandonner ces trois implantations régionales, qui nous tenaient pourtant à cœur. Ces éditions, plus proches d’opérations de communication que de modèles économiquement viables, n’ont pas pu être poursuivies.

Il nous a alors fallu nous recentrer sur l’essentiel : le cœur de notre ADN reste Paris et son Carrousel du Louvre.

Nous avions envisagé d’autres ouvertures, à Saint-Tropez ou au Touquet, mais la crise nous a conduit à renforcer notre socle historique, afin d’assurer la solidité et le rayonnement d’ART SHOPPING.

 

Art Shopping ambitionne de se développer à l’international comme aux USA ou en Asie

 

Ou Monaco aussi ? Peut-être que d’ici quelques années vous allez revenir sur des opérations de communication, pour développer ART SHOPPING, à nouveau, en région ?

Depuis que je suis souvent déplacement international pour visiter mes confères, le niveau international nous plairait beaucoup en conservant bien entendu l’édition ART SHOPPING de Paris.

Tout à fait. Lorsqu’on a la chance d’avoir un business à Paris, généralement c’est pour s’ouvrir à l’international!

À l’époque, notre stratégie était résolument franco-française, avec la volonté d’implanter le concept dans différentes régions. Aujourd’hui, nos ambitions peuvent évoluer : plusieurs pays retiennent désormais notre attention. C’est un challenge à la fois stimulant et prometteur.

Cela dit, la priorité reste de consolider nos acquis. Nous disposons d’une équipe formidable —remaniée et bientôt renforcée — et notre objectif principal est d’agrandir l’édition d’avril et de maintenir, voire dépasser, nos records actuels. Pour le reste… seul l’avenir nous le dira ! (sourire)

 

Le média spécialisé dans la Culture, le Luxe & le Lifestyle, KissCity Mag, est partenaire officiel de l’événement international, Art Shopping.

 

 

Qu’avez-vous remarqué dans le marché de l’art à l’international justement lors de vos nombreux voyages ? Quels sont les pays qui ont particulièrement retenu votre attention hormis Dubaï ?

Dubaï connaît un fort développement culturel, mais il faut garder à l’esprit que la ville compte 80 à 90 % d’expatriés. Beaucoup restent quelques années seulement, ce qui limite leur intérêt pour l’acquisition d’œuvres durables. La tendance évolue toutefois, certains expatriés s’installant plus longuement.

On distingue deux grands profils :

  • Des locaux fortunés, qui achètent via des Art Advisors des signatures prestigieuses à valeur d’investissement.
  • Des expatriés amateurs d’art, qui acquièrent des pièces autour de 5 000 €.

Dubaï est donc encore en phase de structuration : c’est excellent pour l’image et le networking. Mais le véritable potentiel du marché de l’art reste concentré aux États-Unis, en Asie — notamment en Chine — et bien sûr à Paris, qui attire historiquement un public solide de collectionneurs.

 

Dubaï connaît un fort développement culturel, mais il faut garder à l’esprit que la ville compte 80 à 90 % d’expatriés

 

Quelle est votre définition toute particulière du luxe ?

Pour moi, le premier véritable luxe est de pouvoir exercer un métier qui me passionne et de jouir d’une grande liberté— c’est là ma définition intime du luxe.

Sur un plan plus matériel, je conserve la même philosophie : la liberté d’acquérir ce qui me plaît vraiment. Je ne suis pas attaché aux possessions en elles-mêmes, mais à l’émotion qu’elles procurent.

Je préfère céder à un coup de cœur accessible, porteur de sens et d’émotion, plutôt que de suivre une tendance onéreuse qui ne m’apporterait aucun plaisir.

 

 

 

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