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Elon Musk & Twitter

C’est dans un tweet fracassant qu’Elon Musk aurait annoncé la suspension du rachat de Twitter. La liberté d’expression, nouveau fer de lance du milliardaire d’origine sud-Africaine et homme le plus riche du monde, Elon Musk. Que cache cette nouvelle manœuvre du patron de Tesla automobile et de la compagnie spatiale, SpaceX ?

Par Estelle GUEÏ

 

Suspension surprise du rachat 

Depuis l’annonce du déroutant Elon Musk, l’action de l’oiseau bleu aurait plongé de 9,7 % à Wall Street, signe que les investisseurs doutent même désormais que le projet de rachat aille à son terme…Pourtant nous avons encore en mémoire son appel du pied pour acquérir le réseau social Twitter pour la coquette somme de 44 milliards de dollars (41 milliards d’euros). Cette annonce avait agité les internautes…Après de nombreuses tergiversations et coups de théâtre, l’incorrigible Elon MUSK aurait ainsi mis fin à la transaction. L’offre pourtant acceptée le 25 avril 2022 aurait été annulée au motif qu’Elon Musk voudrait s’assurer « que les spams et les faux comptes représentent bien moins de 5 % du nombre d’utilisateurs », sur les 229 millions d’utilisateurs actifs revendiqués par Twitter.

 

Le Maître des coups de théâtre, Elon MUSK

 

Comment expliquer cette tension fondamentale autour du rachat de Twitter ? Bien que les performances des revenus publicitaires soient en hausse de 25% (4,5 milliards de dollars en 2021) et son poids politico-médiatique, Twitter accuse des pertes de près de 500 millions de dollars. Lancée en 2006, la plate-forme semble ne pas avoir trouvé sa maturité commerciale, contrairement à ses consœurs (Facebook, Instagram, LinkedIn, TikTok).

En effet, à contrario, l’empire de Mark ZUCKERBERG (Meta) affiche un résultat lié aux revenus publicitaires de 115 milliards de dollars en 2021, malgré la concurrence de nouveaux réseaux sociaux comme TikTok, privilégié par la GenZ et les Millenials. D’ailleurs, pour rajeunir son audience, la compagnie californienne s’est offerte le média social, Instagram. En outre, 5.4 milliards de faux comptes auraient été supprimés de Facebook depuis le début de l’année 2022.

 

5.4 milliards de faux comptes auraient été supprimés de Facebook

 

Un peu moins de 5 % de faux comptes sur Twitter. Ce pourcentage a été rendu public par le réseau social, dans des documents déposés auprès du gendarme américain de la Bourse, la Securities and Exchange Commission (SEC). En effet, les comptes automatisés sont un problème endémique sur la plate-forme, où acteurs politiques, escrocs et même services de propagande d’État ont recours à des comptes robots pour diffuser et amplifier leurs messages. Ce qui expliquerait en partie la marche arrière de Musk, puisque le nombre de comptes réel et de faux comptes faussent la valorisation publicitaire de Twitter. Sans compter que dans son projet de rachat, l’homme d’affaires affirmait vouloir mettre fin aux spams, ces messages polluants souvent émis par de faux comptes automatisés.

Ce chiffre dévoilé aurait suscité le courroux du service juridique de Twitter qui aurait contacté l’entrepreneur pour se plaindre du viol de leur accord de non-divulgation.

Mais est-ce la seule raison ?

 

Les raisons d’un revirement de situation

Ce revirement de situation pourrait s’expliquer également par la baisse du cours du constructeur automobile (-29 %) en un mois, ce qui a des conséquences sur les quelque 250 milliards de dollars (239,5 millions d’euros) de fortune personnelle d’Elon MUSK et sur le montage financier élaboré pour acquérir le réseau social.

Bien que le rachat de Twitter estimé à 54,20 dollars par action (54 % de bonus par rapport au cours de fin janvier) valoriserait l’entreprise à 43 milliards de dollars, la fortune d’Elon MUSK qui n’est pas faite de liquidités, mais d’actions, limite pourtant ses marges de manœuvres.

En effet, l’entrepreneur aguerri comptait, au départ, apporter un financement de plusieurs natures : 13 milliards d’emprunts à des banques, jusqu’à 21 milliards de vente d’actions Tesla et 12,5 milliards « d’un prêt sur marge », gagé sur des actions Tesla, que les prêteurs récupéreraient s’il ne remboursait pas. C’était sans compter l’existence de prêts antérieurs, où étaient déjà gagé plus de la moitié de ses actions Tesla… Aussi, son nouvel emprunt sur marge de 12,5 milliards aurait été remis en cause si le cours de l’action du constructeur automobile passait sous les 837 dollars.

 

Elon MUSK est le PDG d’une entreprise à 1 000 milliards de dollars

 

Or, cette barre fatidique aurait été atteinte la semaine dernière (762,18 dollars). Ce qui aurait eu pour conséquence de décider Elon Musk à vouloir réduire le montant de cet emprunt, obtenu grâce à environ 7 milliards de financements d’investisseurs. Comme le cofondateur d’Oracle, Larry ELLISON, le fonds Sequoia Capital, le fonds Qatar Holding et le prince saoudien Al-Walid Ben Talal Al Saoud, qui apporterait sa part déjà détenue dans Twitter. D’après Bloomberg, MUSK chercherait éventuellement à supprimer le prêt sur gage en vendant plus d’actions Tesla, pour près de 27 milliards de dollars au total.

Face à l’hypothèse de rachat de Twitter par Elon MUSK, David TRAINER, PDG de la société d’investissement New Constructs, aurait déclaré : « PDG d’une entreprise à 1 000 milliards de dollars, Elon Musk devrait se concentrer sur Tesla et non se disperser et perdre du temps à acheter et gérer une société à 43 milliards ! »

Cette remise en question se justifie objectivement puisque le milliardaire est déjà très occupé par son rôle de constructeur spatial SpaceX, les Bourses en baisse, les crises mondiales et guerre sans précédent que le monde affronte, l’essor des voitures électriques, les défis de Tesla face au 130 000 voitures rappelées en raison d’un problème de surchauffe…

 

Le patron de Tesla et SpaceX est sur tous les fronts !

 

Comme le résume si bien l’analyste de la société d’investissement Wedbush Securities, Dan IVES, 2 hypothèse se présentent :  MUSK tenterait de négocier un prix d’achat plus bas ou il voudrait simplement se retirer de la transaction en payant l’indemnité de rupture de 1 milliard de dollars…

Au vu de ces informations, nous pouvons nous demander si les faux comptes sont la vraie raison de cette manœuvre dilatoire, comme le suppose Susannah STREETER, analyste de la société d’investissement Hargreaves Lansdown, citée par Bloomberg : « Quarante-trois milliards semble un prix gigantesque. Son annonce est peut-être une stratégie pour faire baisser ce montant. »

 

Les chantiers d’Elon MUSK pour booster Twitter :

Face à la volatilité des utilisateurs et à l’âpreté des parts de marché, Elon MUSK se serait engagé à transformer Twitter en entreprise rentable grâce à un nouveau modèle économique efficace !

Pour cela, le républicain miserait sur des changements substantiels :

  • Rendre le réseau social aux 217 milliards d’utilisateurs quotidien moins dépendant des revenus publicitaires (à 90%)
  • Élargir l’offre payante
  • Authentifier les abonnné.e.s
  • Chasser les faux comptes, spams et robots qui polluent le réseau
  • Rendre public l’algorithme de Twitter pour « renforcer la confiance »
  • Augmenter la taille des messages jusqu’alors limités à 280 caractères et permettre de les corriger
  • Réviser le système de modération des Tweets et du bannissement à vie

Cette possibilité de rachat, que certains qualifient de capricieux ou de dangereux, inquiète les démocrates. En effet, depuis que l’ancien Président TRUMP a été banni à vie de Twitter, suite à son putsch raté du 6 janvier 2021 lors de son assaut avorté du Capitole, à Washington, les défenseurs de la démocratie s’offusquent, craignant un retour du magnat de la finance bien que Trump affirme ne pas vouloir Tweeter ses Trumperies, ses partisans et ses 89 millions de followers, misent sur son éventuel retour en 2024.

 

L’ancien Président TRUMP a été banni à vie de Twitter

 

Des enjeux politiques et économiques 

Le changement de main de Twitter marquerait un rééquilibrage du jeu démocratique comme explique le sénateur républicain du Texas Ted CRUZ : « Incroyable de voir la panique de la gauche à la perspective de la liberté d’expression sur Twitter. »

« Absolutiste de la liberté d’express » l’homme d’affaires de 50 ans connu pour sa brutalité de ses prises de décisions (il a supprimé le service presse de Tesla) affirme vouloir « éviter les manipulations ».

Ce rachat suscite la polémique car en filigrane c’est la question du rôle des milliardaires de la Big Tech qui imposent leur influence sur la liberté d’expression dans les débats publics.

En effet, Elon MUSK n’est pas le seul milliardaire à posséder des médias sociaux ou traditionnels. Cette pratique est courante et appréciée par Jeff BEZOS (Washington Post), l’ancien maire de NYC, Michael BLOOMBERG (agence Bloomberg) ou encore le magnat des médias Rupert MURDOCH (Fox News, WallStreet Journal).

 

Le jeu des alliances dans les médias

 

Cet engouement pour le pouvoir informatif des médias sociaux et traditionnels, représentant le 4ème pouvoir aux mains du CAC 40, n’est pas seulement l’apanage des américains, car dans la presse française une dizaine de milliardaires issus du BTP, de l’armement, du luxe ou encore de la téléphonie, allient affaires et informatif. A l’image de Bernard ARNAULT, PDG du groupe de luxe LVMH et patron des Echos, du Parisien. Serge DASSAULT (Le Figaro), François PINAULT (Le Point), Patrick DRAHI (LibérationL’ExpressBFM-TVRMC), Vincent BOLLORÉ (Canal+), Xavier NIEL, co-propriétaire du Groupe Le Monde (L’Obs, Télérama, La Vie…), Matthieu PIGASSE (Radio Nova, Les Inrocks), Martin BOUYGUES (TF1), Famille MOHN (M6, RTL, GalaFemme actuelleVSDCapital), Arnaud LAGARDERE (Europe 1, Paris MatchJDD, Virgin radio, RFM, Télé 7 jours), Marie-Odile AMAURY (L’Équipe)…

Elon MUSK, l’homme qui a versé en 2021 le plus d’impôt sur le revenu dans l’histoire des USA (11 milliards de dollars) et qui rêve de coloniser Mars, n’a pas fini de nous faire rêver et de nous étonner ! Un éventuel rebondissement pourrait encore surgir dans les prochains mois…

 

Elon Musk founder, CEO, and chief engineer/designer of SpaceX jokes with reporters as he pretends to search for an answer to a question on a cell phone during a news conference after a Falcon 9 SpaceX

 

 

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