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Menteur

Selon le poète et cinéaste Jean Cocteau : « Les mensonges sont des montagnes russes qui vous emportent et vous nouent le cœur». Le film Menteur, d’Olivier BAROUX, explore cette lutte intérieure entre vérités et mensonges, sur le mode comique. Tarek BOUDALI réussira-t-il à sauver les gens qu’il aime avant que ses mensonges ne prennent vie ? 

Par Estelle GUEÏ

 

Super Mytho

Menteur aurait pu s’appeler « Menteur Compulsif » ou « plus c’est gros, plus ça passe ! »  Tarek incarne Jérôme BERADA, un Directeur des ventes de bateaux de luxe pour un groupe de la French Riviera corrompu par les Russes. Sa tchatche et son allure de jeune premier seront utilisés à son détriment par sa N+1 pour tenter d’amadouer les salariés risquant d’être licenciés.

Mêlant histoires d’amour et une franche proportion à la déconnade, Olivier BAROUX dépeint un personnage attachant et déconnant, que nous pourrions croiser dans la vie de tous les jours. Qui n’a jamais imaginé son voisin un brin chelou en psychopathe ? Ou encore essayer de se faire mousser en imaginant que toutes les femmes ou hommes sont à nos pieds ? Ou utiliser l’excuse d’un membre de la famille malade pour justifier son retard ?

Terriblement régressif et jouissif, ce film dépeint un personnage attachant derrière son incroyable proportion à mentir comme il respire. Ce « Mozart de la mythonerie » ne recule devant rien. N’hésitant pas à utiliser son entourage pour justifier ses impairs et les mettre en scène dans des scénarios abracadabrant. Ses proches désespérés de le voir s’enfoncer progressivement vers un déni de réalité et une névrose à tendance schizophrénique, est désemparé. En filigrane, la psychologie du personnage se dévoile, laissant transparaître un diabolique Triangle de Karpman où le héros endosse tantôt le rôle du sauveur, de la victime et du bourreau.

 

Bienvenue en Canichtan !

Soudain, c’est le mensonge de trop…Un groupuscule de moines observe le phénomène de « celui qui ment comme il respire » et tente de lui faire prendre conscience qu’aucun mensonge n’est anodin et qu’il peut provoquer des conséquences graves.

Sous l’allure d’une fable moderne l’équipe du film part en roues libres pendant 1h35. Le public rit à gorges déployées. Les punchlines et les gags fusent avec fluidité. La complicité entre les acteurs se ressent dans leurs jeux. On sent qu’ils prennent plaisir sur le terrain. A certains moments, on se demande même si l’improvisation ne s’est pas invitée dans tel dialogue ou telle situation.

Le film Menteur est comme un OVNI dans le champ audiovisuel. Sous couvert de légèreté, Olivier BAROUX utilise les ressorts du comique et du second degré à plein régime pour véhiculer des messages forts liés à la maladie de «mythomanie aiguë».

La distribution des rôles est pointue, mettant à l’honneur la nouvelle vague des humoristes de la scène française.

L’apparition très remarquée du couple de la parodie BROUTE, Bertrand Usclat et Pauline CLEMENT, n’est pas restée inaperçue. Tout comme le duo de frères férus de couscous, que forment Tarek BOUDALI et ARTUS !

 

Bertrand Usclat et Pauline CLEMENT

 

Sur le chemin de la rédemption, Tarek BOUDALI au sommet de son art gagesque, cache des failures d’enfance. Avec émotion, il analyse la genèse de ses mensonges maladifs, jusqu’à se rendre compte qu’ils traduisent un sentiment de loose total, lié au besoin d’impressionner ses parents et de se faire plaindre pour retenir leur attention. Nous avons tous un enfant intérieur. Celui de Jérôme BERADA a 8 ans. L’âge à partir duquel il a commencé à mentir sans limite pour que ses parents soient fiers de lui.

Finalement, cette comédie furieusement survoltée aurait pu se nommer autopsie d’un mensonge

 

Menteur, en salle à partir du 13 juillet 2022 

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