Interview : Jacques ATTALI
Et si les oiseaux sauvaient le monde ?
Comment serait la face du monde si jamais Trump et Le Pen arrivaient au pouvoir ? Pour la sortie de son nouveau roman dystopique, « Bienheureux soit notre monde », L’éminence grise des tous puissants, Jacques Attali, se confie avec une incroyable bienveillance et intelligence, sur sa vision du monde, la musique, l’environnement, les jeux vidéo, le sens de la vie, ses projets, ses rituels d’écritures et mille réflexions brillantissimes, dont lui seul a le secret ! Rencontre.
Par Estelle GUEÏ
C’est à Neuilly, à son domicile, entouré de livres et de sculptures, que Jacques ATTALI me reçoit autour d’un thé et de délicieux biscuits, pour une interview authentique et sans langue de bois. L’ancien conseiller spécial du Président François MITTERRAND, a « la niaque » et l’esprit en alerte.
A son contact, on ressent la formidable énergie communicative et l’intelligence redoutable d’un homme multi-tâches, aux multiples cerveaux ultra-connectés.
L’expérience est saisissante pour la jeune journaliste que je suis. Rencontrer un tel homme au destin quasi hors du commun est de l’ordre presque de la métaphysique…D’ailleurs est-ce pour cela que j’étais aussi tétanisée et que j’ai pris plus de temps que d’habitude pour retranscrire au mot près cette interview, puis monter la vidéo ? Car l’exigence de cet homme aux mille vies est poussée à l’extrême. Un personnage au leadership incomparable, dont la notion du bonheur passe par le don de soi et le dépassement personnel. Féru de musique classique, Jacques ATTALI est aussi chef d’orchestre. Il dirige jusqu’à 80 personnes lors de concerts, comme la 9ème Symphonie de Schubert, qu’il a dirigée à Grenoble dernièrement. Un rêve d’enfant qu’il a réalisé sur le tard après une vie où la politique, les affaires, la vie associative et l’écriture tiennent une place importante. Comme quoi, à tous âges, tout est possible ! Une belle leçon d’humanité et de courage de la part d’un homme qui a conseillé les plus grands.
Éternellement jeune, pétri de projets et de réflexions sur le monde et son environnement, Jacques ATTALI a cette rare faculté de scanner les événements qui ont lieu aux 4 coins du monde, pour en extraire des synthèses et nous alerter.
La multiplication des conflits, les catastrophes climatiques, la montée des extrêmes, l’effondrement de l’éducation, la surconsommation ou encore le danger que représente le sucre pour la santé mentale et physique, sont ses chevaux de bataille.
A l’instar des personnages de son nouveau roman dystopique « Bienheureux soit notre monde » Jacques ATTALI est un lanceur d’alertes qui s’appuie sur les jeux vidéo pour diffuser un message universel : Comment apprendre aux humains à « rendre la terre habitable » ?
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Bonjour Monsieur Jacques ATTALI, vous êtes un véritable «Homme-Orchestre» : polytechnicien, énarque, professeur, conseiller spécial du Président François MITTERRAND pendant 10 ans, mentor du Président Emmanuel MACRON, auteur de 87 ouvrages, co-fondateur des ONG Planet Finance et Positive Planet, chef d’entreprises. Quel est votre secret de jouvence pour composer avec autant de partitions ?
Vous oubliez beaucoup de mes activités, mais ce n’est qu’une petite partie de ce que je fais mais ce n’est pas grave.
L’important est d’avoir la niaque, d’être curieux, très organisé, d’éviter de perdre son temps, même si parfois perdre son temps est une activité très utile pour réfléchir, pour avoir des idées. Ce sont les secrets de la réussite
Votre 87ème roman dystopique édité chez Flammarion « Bienheureux soit notre monde » est une sorte de conte philosophique pour adultes et ados, où le monde se divise en 3 catégories : les Sombres, les Illusionnistes et les Vivants. L’univers des lanceurs d’alertes et du jeu vidéo sont décortiqués de façon ultra réaliste. Comment vous êtes-vous immergé dans le monde du gaming ?
J’écris 2 à 3 romans par an. Au début, les Sombres, on croit que ce sont des gens de la finance, alors que plus tard on se rend compte que c’est bien autre chose que cela, c’est un groupe qui a beaucoup d’argent et qui veut changer le monde. Ils luttent contre les inégalités, contre toutes les formes de racisme. Ils luttent contre le réchauffement climatique. La question est : qu’est-ce qu’on peut faire pour changer le monde quand on a beaucoup d’argent ? Et les Illusionnistes eux c’est tous ceux qui croient avoir du pouvoir, tant au niveau politique que dans les affaires.
Dans votre roman on retrouve aussi des personnages comme Elon MUSK ou Mark ZUCKERBERG. En tant qu’auteur vous jouez un peu le rôle d’un lanceur d’alerte et le lecteur intègre le milieu du jeu vidéo. Jacques ATTALI serait-il un geek ?
Je pratique les réseaux sociaux, je pratique Internet depuis très longtemps, et si je ne joue pas aux jeux vidéo, je suis entouré de gens qui y jouent, ça m’intéressait, ça me passionnait. Aussi j’ai dû apprendre à comprendre d’autres univers que le mien, c’est ce que je fais d’ailleurs avant d’écrire chacun de mes romans. J’ai rencontré de grands spécialistes du jeu vidéo que je remercie à la fin du livre. J’ai travaillé avec eux pour comprendre comment on fabrique un jeu vidéo, quels sont les différents types de jeux, qui sont les principaux acteurs du secteur, comment on définit les personnages, etc…
La narration de « Bienheureux soit notre monde » est orchestrée comme un roman labyrinthique, avec différents niveaux de lecture. On se retrouve comme en immersion dans un jeu vidéo.
Il y a des coups de théâtre. On croit qu’on est quelque part mais on n’est pas là. On croit qu’un personnage est déterminant, mais ce n’est pas vrai. On croit qu’un personnage est secondaire, mais en fait c’est le principal, ou il est le plus important.
Tout à fait ! En fait, il y a un chassé-croisé entre le virtuel et le réel !
Le roman renvoie aussi à ce qu’est l’inspiration pour le romancier, qui se sert de son environnement pour rendre ses personnages plus réels. Il se nourrit de tout ce qu’il voit autour de lui, un peu comme moi je le fais comme romancier pour créer mes personnages en m’inspirant de tout ce qu’il y a autour de moi.
En fait, tous vos sens sont en éveil ! On le ressent d’ailleurs tout au long de votre roman, où vous distillez tout au long des pages des messages subliminaux. Quand avez-vous commencé à imaginer ce roman, dont l’action se déroule entre 2021 et 2029 ?
J’écris plusieurs livres en même temps, ça fait plusieurs années que je voulais écrire sur ce qui se passerait si le pire scénario se passait, c’est-à-dire si Marine LE PEN était élue, et si ensuite Donald TRUMP était à la Maison Blanche, que le climat devenait catastrophique, dans la situation du pire. Donc j’ai commencé à imaginer ce monde, puis je me suis demandé : qu’est-ce qu’il faut faire pour le changer ? Ensuite d’autres idées me sont venues.
C’est tout à fait passionnant ! En plus la place de la femme est mise en avant, puisque la mère tient une place prépondérante dans votre roman.
Le rôle principal est tenu par une jeune mère de famille qui est aussi professeure de lettres dans un lycée de la région parisienne, alors qu’en fait on croit que ça se passe dans un milieu cosmopolite et technique, au début, alors que ça se passe dans un milieu carcéral. On voyage en France, en Allemagne, au Liban, un peu partout à travers le monde. Alors qu’en réalité le personnage principal, qui est la jeune professeure de lettres, enseigne dans un lycée de Rambouillet. Tous les personnages précédents sont des personnages internationaux qui renvoient à elle.
Sans spoiler, il y a un passage qui m’a touchée, on peut penser à votre enfance, c’est à la page 29 que l’un des héros enfant est décrit
Ah le héros enfant ! On découvre plus tard qu’il n’est pas du tout ce que l’on croit !
Exactement ! C’est le phénomène des poupées russes ! (Rires) Je cite l’enfant : « J’y ai appris l’importance de la liberté, la nécessité de ne pas accepter l’injustice et les imperfections du monde ; et j’ai regretté. De ne pas avoir eu un père, pour m’emmener tous les vendredis à la synagogue, comme mes copains. Et le samedi, à la plage, avec les autres. » Jacques ATTALI, quelle était votre enfance ?
Moi j’ai eu un père comme ça : qui était là et qui m’emmenait à la synagogue et à la plage, donc contrairement à cet enfant je n’étais pas dans le manque.
Mon enfance a été très heureuse en Algérie dans les années 50. Mon père était très exigeant, il ne se contentait jamais de peu. Cela a nourri ma façon de réfléchir
Quelle est votre définition toute personnelle du bonheur ?
Pour moi le bonheur c’est de rendre heureux les autres. J’ai toujours pensé que mon bonheur ne m’intéressait pas. Le bonheur personnel passe à travers les autres et pas seulement mes êtres chers. Cela concerne tout le monde. Pour ma part je me sens redevable, responsable du bonheur des autres, et si je peux être utile, je suis heureux. Encore aujourd’hui j’ai dit à un de mes amis : être utile, est un privilège ! Rendre un service est aussi un privilège.
En fait vous êtes comme le personnage de votre livre : un Vivant !
Exactement, je m’identifie à ce groupe qui a beaucoup d’argent et qui essaye de faire au mieux pour les vivants en général.
Vous êtes passionné d’histoire, de politique, de culture et de musique, comme vous êtes aussi chef d’orchestre. D’ailleurs dans la narration de votre roman, on entend cette petite musique, cette mélodie tout au long des pages, on y ressent de la poésie. Quelle est la place de la musique dans votre vie ?
Elle est grande depuis mon enfance car j’ai été un mauvais pianiste, mais insistant. J’ai beaucoup écouté de musique. J’ai toujours rêvé d’être chef d’orchestre, j’ai fini par le devenir il y a 20 ans, lorsqu’un chef d’orchestre m’a proposé de le devenir. A ce moment-là je trouvais ce rêve impossible, car c’est un métier qui demande beaucoup d’entraînement. Il m’a alors poussé à trouver un professeur, l’un des plus grands chefs d’orchestre qui soit au monde, François-Xavier Roth. Il a eu la gentillesse de me prêter son orchestre de 80 musiciens puis ensuite de diriger la 9ème symphonie de Schubert à Grenoble.
On reste toujours dans ce champ lexical de la musique, il y a un lien que j’ai fait entre votre livre « Bienheureux soit votre monde » et le tube de Jean-Jacques GOLDMAN « Envole-moi », parce que la chanson décrit l’histoire d’un jeune homme qui se fait la promesse de sortir de sa condition sociale grâce à la lecture et à l’écriture, à « coups de livres », donc c’est un message super beau et puissant. Parce que dans votre livre vous essayez de faire comprendre aux lecteurs que la meilleure arme pour gagner notre liberté passe par la lecture et le pouvoir de l’imagination.
Avoir des rêves et ensuite avoir envie de les réaliser !
C’est tout à fait cela : avoir des rêves et avoir envie de les transformer en réalités. D’ailleurs dans votre livre il y a une scène assez poignante entre la professeure qui dit à une élève qui n’a pas rendu sa copie à temps : « quand on veut on peut ». Alors la jeune fille lui répond : « Déjà, Madame, il faut pouvoir pour vouloir ». Aujourd’hui on est un peu dans ce type de société où on a énormément de temps libre grâce aux machines, aux robots, aux intelligences artificielles qui facilitent notre quotidien et automatisent nos tâches, mais peut-être qu’on gaspille notre humanité, notre énergie ?
Quand la jeune fille donne cette réponse à sa professeure, c’est pour lui signifier : Madame vous êtes bien gentille, mais mon milieu social m’empêche de vouloir et je n’ai pas les codes, je travaille et j’étudie dans des conditions de promiscuité très difficiles où je ne peux pas vouloir.
Waouh ! C’est vraiment puissant car à la première lecture on n’imagine pas ce que cette réflexion renferme de réalités derrière…Comme quoi, même si on a des conditions difficiles on peut s’en sortir à partir du moment où on a cette présence d’esprit, cette envie, cette flamme en fait.
Vous en êtes un parfait exemple !
Qui sont les Sombres aujourd’hui ? Est-ce les mêmes que dans votre roman ?
Non, car les personnages du roman, sans trahir les secrets du roman et les surprises qu’on y découvre, il y a plusieurs niveaux de Sombres. On croit que les Sombres ce sont les gens de la finance qui dirigent le monde, alors qu’un autre personnage se rend compte que si on remplace un banquier, il y a un autre qui le remplace.
Le climat complotiste se mêle à l’image du Juif qui est assimilé aux Sombres, car on a l’impression que ce sont eux qui dirigent la finance, qu’ils cultivent le secret.
Puis, finalement, certains personnages se disent que ce n’est peut-être pas cela, que ce sont les mécanismes qui font qu’on est obligé de répondre à la loi du marché, que quoiqu’on veuille on finit par aboutir à ces catastrophes, que c’est l’offre et la demande, alors qu’on se condamne. Il existe des sociétés qui ont essayé de faire autrement, mais cela n’a pas forcément fonctionné, comme les régimes totalitaires ou communistes. Donc d’autres personnages finissent par se dire : le changement c’est en chacun de nous ! Car nous sommes partiellement des Sombres ou des Vivants, comme la part d’ombre et de lumière qui est en chacun de nous. Il faut tuer cette part de Sombre en nous, par exemple en cessant de consommer des produits pétroliers, en consommant du sucre artificiel. Les gens qui sont méchants avec les autres, qui sont jaloux, égoïstes, les rapaces, les narcissiques, c’est cela les Sombres. Il faut donc remplacer cela par les Vivants, qui sont altruistes.
En fait, les Vivants, ce sont les personnes qui partagent les 5 valeurs suivantes : l’écoute, la bienveillance, l’altruisme, l’empathie et la compassion. Les 5 valeurs qui donnent du sens à notre Vie. Votre livre est comme un témoignage qui va perdurer sur des centaines d’années et qui devrait même être mis entre les mains des élèves !
J’espère qu’il sera lu par les plus jeunes, car je pense à eux, qui ont tous le potentiel pour se révolter et être des vivants. En écrivant ce livre, j’ai pensé à eux pour qu’ils puissent lutter contre la part de Sombre en eux et chez les autres aussi. Pour changer le système économique qu’il faut changer. Mais pour cela il faut d’abord se changer soi-même, pour changer le système.
C’est très intéressant, d’ailleurs saviez-vous qu’en 2021 une marque anglaise de cosmétique pour la GenZ et les Millenials, Lush, a décidé de désactiver tous ses réseaux sociaux en postant un unique message où ils encouragent leurs jeunes conso-acteurs à « sortir des écrans pour vivre », car ils passaient trop de temps rivés sur leurs écrans, et cela provoque des risques pour la santé mentale des ados, et même des adultes plus fragiles. Cette marque ne voulait plus être complice d’un système qu’elle estimait mortifère. Qu’évoque pour vous ce choix audacieux de cette multinationale connue ?
Pour beaucoup de sociétés c’est du bullshit, c’est faire semblant, c’est du paraître, ce sont des boîtes qui se prétendent être des champions de l’environnement, alors qu’ils vivent de la vente d’eau minérale en bouteilles plastiques et de yaourts ultra-sucrés. C’est-à-dire du poison. Ces gens-là sont des criminels, encore plus criminels car ils prétendent défendre l’environnement alors qu’ils ne font que tricher ! Donc ils font partie de l’économie de la mort.
C’est à nous de changer profondément les règles. Heureusement, il existe des entreprises qui sont sincères, qui sont vraiment dans l’économie de la vie.
A quelles sociétés pensez-vous par exemple ?
Par exemple, je trouve très intéressante la démarche d’une jeune créatrice de mode qui a créé une marque réellement éthique, Blue. Cette jeune femme fabrique des vêtements formidables et 100% made in France. Beaucoup de marques dans le domaine de la mode ou autres essaient de bien faire les choses.
Revenons à la musique. Pensez-vous, comme votre héros, que Berlin est « le temple de la musique classique » ?
Berlin est l’un des temples de la musique. J’ai notamment testé le Philharmonique de Berlin, qui est un endroit magique et extraordinaire.D’ailleurs, Daniel BARENBOIM y a joué un rôle très important dans l’Orchestre de Berlin. J’ai toujours apprécié converser avec lui. Il existe bien évidemment d’autres temples de la musique comme Yale, New-York, les grands festivals comme ceux de Strasbourg, de Beyrouth, le Festival du Printemps d’Aix en Provence, le Printemps du violon à Paris qui est formidable. Il y a 20 ans, à Paris, il n’y avait rien d’important, et maintenant il y a des immenses salles de concerts à l’acoustique fantastiques, des concerts tous les soirs, sans compter les concerts de musiques jazz, de variété ou autres.
Quels sont vos rituels d’écriture ? Écoutez-vous Wagner, Mozart ou Bach, par exemple, pour écrire vos livres ?
Mon rituel est d’écrire quand je peux, au moins 4 heures par jours, que j’organise le matin, la journée ou le soir, mais tout le temps. J’écris dans le silence. Avant j’écrivais à la main, maintenant c’est à l’ordinateur.
Par exemple, pour le roman «Bienheureux soit notre monde » il y a eu 90 versions différentes.
C’est impressionnant ! Vous l’avez remanié 90 fois ?
Oui, j’écris très vite. Une première version très courte du livre se fait en 2 jours. Ensuite je la revois 80 fois, et je la revois chaque fois en 2 jours. Je revois tout ! Je réécri,je réécris, et quand c’est stabilisé, je m’arrête pour le donner à l’éditeur. A ce moment-là, je vois sur papier et je fais d’autres corrections complètement différentes. Ce n’est pas la même chose qui vient à l’esprit quand on écrit à la main ou qu’on écrit à l’écran. Car quand on écrit à la main, on pense plus vite qu’on écrit, alors que quand on écrit à la machine on écrit aussi vite qu’on pense, mais on ne peut pas faire des corrections.
C’est une autre synergie des mains et peut-être aussi une autre partie du cerveau qu’on stimule ?
Oui, c’est tout à fait différent ! Les corrections à la main sont beaucoup plus importantes que les corrections sur l’écran, et je fais entre 4 et 5 versions de plus sur papier.
Ce qui est étonnant dans votre roman c’est qu’on peut faire un parallèle avec le roman également dystopique de Bernard WERBER « 3ème Humanité » où la nature, la planète, sont des personnages à part entière. Et vous, dans « Bienheureux soit notre monde », les oiseaux sont l’une des clefs de notre humanité. D’ailleurs, il faut savoir que les oiseaux sont aussi anciens que les dinosaures. Ils sont donc encore plus vieux que nous en fait, ils ont réussi à survivre à toutes les hécatombes grâce à leur petite taille et au fait qu’ils vivaient près des côtes. Donc, quand on lit « Bienheureux soit notre monde » cela signifie-t-il que l’être humain va vraiment changer de mindset ? Changer peut-être de structure physique ? Manger moins de sucre pour rester léger et consommer moins d’énergie ?
J’ai toujours accordé beaucoup d’importance aux oiseaux dans mon travail, puisqu’ils étaient déjà les héros principaux de mon 1er roman La vie Éternelle. Tout tourne autour des oiseaux. Je considère qu’ils guident beaucoup l’humanité car ils sont nomades : parfois ils ont un nid mais ils sont plutôt nomades.
Le nomadisme est la clef de la survie. Car, pour survivre, il faut savoir bouger, se déplacer
C’est un peu comme le peuple Juif en fait ? Le nomadisme les a sauvés, en plus avant ils n’avaient pas de terre. Ils étaient apatrides…
Ce n’est pas ça. Les Juifs sont toujours dans la patrie où ils se trouvent, donc ils ne sont pas apatrides. Même s’il y a Israël, les Juifs Français, sont Français. Ils sont d’abord considérés comme Français avant d’être Juifs. Malgré tout, les peuples qui sont près des côtes, les peuples qui apportent de l’importance à la mer, sont les peuples qui avancent le plus vite. D’ailleurs, dans plusieurs de mes livres j’ai démontré que les nations les plus puissantes sont celles qui ont mis leurs villes principales près du bord de la mer comme les Égyptiens, les Grecs, les Romains, les Italiens…Venise, Amsterdam, Londres, Boston, New-York, la Californie…
Toutes les grandes capitales mondiales sont d’abord des villes portuaires. Et la France n’a jamais été une grande puissance parce que notre capitale est au milieu de nulle part. Paris n’est pas au bord de la mer. Et donc, cette lacune française fait que la France n’a jamais été une super puissance. Mais c’est un autre sujet !
C’est tout à fait passionnant. Cela ouvre d’autres perspectives ! Alors en parlant de perspectives, quels sont vos projets ?
Dans quelques mois je publierai un essai sur la consolation. Car, depuis longtemps, j’écris des histoires longues sur l’avenir. J’ai ainsi écrit une vingtaine d’histoires sur l’amour, la propriété, le peuple juif, les médias, l’alimentation, l’éducation, la santé. Enfin, j’ai aussi un autre roman en chantier !
Un mot pour les KissCiteurs ? Pour qu’ils deviennent encore plus « Vivants » ?
Je vous encourage à lire et à écrire encore plus. Et je vous félicite de ce que vous faites, car tout ce qui peut donner envie de lire et d’écrire est bienvenu ! Merci
Merci beaucoup Monsieur Jacques ATTALI ! 🙏
Bienheureux soit notre monde
Editions Flammarion
280 Pages
20 euros
James Ramarosaona
Merci Estelle pour cette interview
ESTLkisscity
Merci cher confrère, le dernier livre de Jacques ATTALI, « Bienheureux soit notre monde » est une jolie pépite Merci pour le partage !
ESTLkisscity
Au plaisir James !