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#MeToo

A l’ère de #MeToo, #BalanceTonPorc ou encore #IlsNeNousFerontPasTaire, 16% des femmes sont abusées sexuellement ou violées par des prédateurs. Ils agissent en toute impunité, car ils savent repérer, puis manipuler leurs victimes. Rongées par la honte, la culpabilité, la peur ou parfois, dans le déni. 10 % d’entre elles seulement oseront porter plainte. Les tribunaux sont engorgés depuis la fin des 3 confinements. Aujourd’hui, j’ai décidé de prendre la plume, pour casser l’omerta et dénoncer, preuves à l’appui, les agissements d’un Prédateur qui m’a repérée sur le web, dont j’ai été victime pendant 3 mois et demi, pendant le 3ème confinement, dans un petit village de l’ouest de la France.

Par Estelle GUEÏ

 

Repérage de femmes sur les réseaux sociaux

 

La photo qui a été repérée par le Prédateur sur Facebook

 

On dirait le titre et les textes d’une chanson du rappeur Niska, Réseaux : « Posé, j’suis sous Jack dans mon bendo. J’fais repérage de femmes sur les réseaux ».

Même si tout a commencé en musique, la suite de la partition fut un cauchemar, qui dura 3 mois et demi, dans le déni et le silence le plus total.

Jusqu’à ce que je réalise, une fois échappée de cet enfer psychologique et physique, que ce que j’avais subi portait un nom bien précis, imprimé sur mon dépôt de plainte : « abus sexuels ». Et lorsqu’il y a pénétration d’objets (sex-toys, doigts ou coït non consentis) on appelle cela un viol.

Tout a commencé sur les réseaux sociaux. Le 7 septembre 2020. Date fatidique où mon agresseur a soigneusement tissé sa toile autour de sa proie qu’il avait repérée sur le réseau social Facebook. Ne me connaissant pas, dans son esprit pervers et malsain, il pensait que j’avais 10 ou 12 ans de moins que mon âge réel (celles et ceux qui me connaissent doivent sourire, même si le sujet n’est pas drôle). Comme quoi être abusée sexuellement arrive à tout âge !

Ce soir-là, euphorique, j’étais chez mon ancien petit-ami, Alex. On dansait, on riait et on chantait à tue-tête, en plein confinement, sur Charles Aznavour pour oublier la morosité. Les notes de la chanson « Les Comédiens » résonnaient de façon indécente dans le cossu appartement Montmartrois du 18ème. Je tournoyais autour de lui un sourire espiègle aux lèvres, jouant avec son épée de chevalier gravée aux armoiries de ses aïeux. Fan de châteaux, d’amour courtois et d’histoires chevaleresques, je m’imaginais en princesse avec mon preux chevalier. Tandis que je partageais ces moments de bonheurs innocents avec ma fidèle Communauté de KissCiteursderrière son écran, le prédateur que je ne connaissais pas encore, préparait son attaque, pour entrer en communication avec moi.

A ce moment-là j’arbore deux longues nattes noires qui encadrent mon visage mutin de femme-enfant et porte un ensemble rouge assez sexy. Aimant jouer avec les codes et très à l’aise avec mon corps, en tant qu’ancien modèle photo et mini-mannequin pour les défilés, je me mettais avec humour en scène à coups de selfiesRien de vulgaire, juste l’envie de partager quelques moments d’euphorie avec mes KissCiteurs. Dans la période particulièrement morose et incertaine que nous traversions, cela apportait de la pétillance à notre quotidien. Je vous rappelle que nous étions tenus à résidence, à cause du couvre-feu lié à la crise du Covid-19 et que nous étions aussi obligé de nous déplacer avec des attestations. C’est donc dans ce contexte anxiogène, que le prédateur décide de rentrer en interaction virtuelle avec moi.

 

 

La chronologie des faits

Le lendemain, je reçois dés 8h30 via Messenger, un message d’un homme qui se présente comme membre de la fédération du naturisme du 49 (Natanjou). Il m’expose brièvement son idée de « rajeunir l’image du naturisme en prenant une égérie plus jeune ». Cette proposition artistique flatte bien entendu mon égo, mais par prudence je lui explique que j’ai un avocat et agent, qui s’occupe de visser ces types de contrats. L’individu pensait que j’étais un modèle photo amateur ou semi-professionnelle, et non une journaliste et éditrice d’un magazine lifestyle parisien.

 

 

Du 7 septembre 2020 au 21 novembre 2020, il n’aura de cesse de me demander intempestivement mon  book photos 

 

Je botte en touche, le renvoyant vers mes réseaux sociaux, où mon profil d’égérie et modèle photo, sont suffisamment agrémentés. Pire que la misère qui s’abat sur le monde, le Prédateur, lourdingue, ne cesse de me harceler de plus belle. Naïvement je ne pense pas à mal, surtout qu’entre-temps le 2eme Confinement a été déclaré par le Gouvernement le 29 octobre 2020, à minuit. Mon moral est au plus mal, car mes habitudes de bobo Montmartroise risquent d’être chamboulées. (L’affaire du masque rose, où je me fis arrêter par les policiers Boulevard de Clichy, le 5 novembre 2020 et avant la fameuse garde à vue abusive de 24h, le 6 janvier 2021, n’avait pas encore eue lieu)

 

Le Prédateur comprend que je le mène en bateau avec politesse. Il change alors de tactique

 

D’égérie de Natanjou, il me propose d’être modèle photo pour un calendrier viticole. Il essaye également de me refourguer une solution de paiement en ligne que je ne connais absolument pas. Ensuite, apprenant que j’ai un journal, il demande à le recevoir. Exaspérée je lui réponds que c’est « uniquement pour les Parisiens »Il me harcèle à nouveau et me demande des photos de nus artistique et portraits pour un nouveau projet. De guerre lasse, je lui envoie quelques clichés. Le 21 novembre il m’informe que le projet est reporté et m’envoie une photo de son fessier tatoué d’un cheval où figure sa date de naissance 69, affublé d’un string. Bien que trouvant le geste déplacé, j’essaye de comprendre « la symbolique » du message qui pourrait se cacher derrière la photo…

 

Dans la même période, il continue de me harceler et demande à recevoir le magazine KissCity Paris. Il m’envahit de questions à ce sujet. Hautement agacée, je coupe court en lui répondant « qu’il se trouve uniquement à Paris »

 

 

Je commence à prendre mes distances. Surtout qu’entre-temps j’ai des soucis personnels à cause de cette fameuse vidéo, que j’ai postée sur les réseaux sociaux, le 5 novembre 2020, à 17h10. Les KissCiteurs se souviendront de mon « coup de gueule », où j’ai insulté de noms d’oiseaux des policiers, après avoir écopé d’une double amende de 135€ x 2 pour port de non masque, juste en bas de chez moi, alors que celui-ci était dans ma doudoune rose ! Il est vrai que cela n’était pas malin de ma part, mais comme de nombreuses françaises et français, à ce moment-là, entre les confinements, les restrictions de nos libertés les plus élémentaires, la baisse d’activité, le stress liés à la crise sanitaire et économique, sans compter les soucis personnels, ça faisait beaucoup pour une seule et même personne d’1m57, qui a l’habitude d’être « tranquille le chat » ! N’étant pas une délinquante, mais juste une jeune femme courageuse, qui se bat dignement pour s’en sortir, toute seule, dans ce monde abrupt et individualiste, j’en avais gros sur la patate !

 

 

Nous sommes humains et c’est à cause de cette même humanité, que je suis tombée entre les griffes de ce prédateur du web !

Revenons au Prédateur. C’est donc dans ce contexte ultra-sensible qu’il tisse avec méthode et patience son incroyable toile. Il ne sait pas encore que je suis partie sur un coup de tête confiner hors de la capitale, à Cannes, depuis fin novembre 2020.

 

Cannes, le harcèlement continue 

5 DÉCEMBRE 2020

Dés 10h, le matin, son discours se radicalise. La bête s’énerve. Il m’informe qu’il fait hôtel « gratos » pour « une parisienne qui n’arrive plus à payer son loyer à Paris » Il m’envoie alors la photo d’une femme dénudée, de dos, semblant danser dans son salon. Choquée je l’envois bouler en lui précisant que de toute façon je ne veux pas confiner à Paris, ni à Angers ! Plus tard je découvrirai qu’en fait il s’agissait de la photo de sa présumée femme « bloquée à Taïwan ». 

J’imagine que le Prédateur était sûrement conscient des difficultés passagères que certaines jeunes femmes, étudiantes ou célibataires fragiles, rencontraient sur la capitale, à cause de la crise…Pour ma part, je pensais avoir protégé mes arrières, en vivant sur mes épargnes et économies, tout en continuant de travailler sur le nouveau KissCity Paris #2, où j’avais investi mes fonds propres, en auto-financement, afin de relancer la machine et préparer l’après-crise.

 

Je m’investissais dans mon journal KissCity Paris pour préparer l’après crise, lorsque Le Prédateur commença à me mettre la pression progressivement

 

 

 8 DÉCEMBRE 2020


Je suis à peine installée dans mon nouvel appart, face à la mer, à Cannes, que je reçois un appel en numéro masqué, d’une personne qui se dit faire partie de la police, à Paris. Tout d’abord je crois à une blague malveillante, car j’ai, certes, beaucoup d’ami.e.s, mais aussi, quelques ennemi.e.s.

Donc forcément, échaudée, le ton monte un peu. La personne au bout du fil peut croire que je la prends de haut, alors que ce n’est pas le cas, mais juste un système de défense, après avoir été trahie de tous les côtés, par des personnes que j’estimais. La fameuse loi de Murphy ou « loi de l’emmerdement maximum » ! Alors que je suis « tranquille le chat » à Cannes, j’apprends subitement que je suis convoquée dans 11 jours au commissariat de police de Paris 9, suite à la publication sur Instagram de « la vidéo aux noms d’oiseaux ». Je crois alors à une très mauvaise plaisanterie !

Comme vous le savez, en suivant mes aventures, par la suite il fut prouvé que j’avais bel et bien été géolocalisée et suivie par la cellule digitale de la police… (Cette digression est nécessaire pour comprendre l’état d’esprit dans lequel je me trouvais, au moment des faits, car beaucoup se demandent comment j’ai pu tomber dans le traquenard du Prédateur ??!! Aujourd’hui, avec le recul, et de façon mesurée, je peux dire et écrire, que sans les confinements multiples et l’acharnement de la police, qui me traquait sciemment, telle une fichée S, JAMAIS je ne serai tombée entre les mains d’un tel Prédateur !!! Mais cela est une autre histoire, revenons au Prédateur qui œuvre dans l’ombre, à cette même période.)

 

21 DÉCEMBRE 2020

Les 1000 km de distance ne découragent pas le Prédateur, qui continue de me harceler, de m’envoyer des photos tendancieuses, change de tactique et me propose même un « réveillon naturiste », que je décline poliment. Le Prédateur m’assaille de questions pour connaitre mon type d’épilation. Je crois toujours naïvement que cela fait partie de l’organisation des shooting à venir pour les calendriers.

Il modifie pour la énième fois sa stratégie, en me demandant à nouveau un exemplaire de mon journal KissCity Paris. De guerre lasse, je lui fais parvenir un exemplaire. Dès qu’il reçoit le magazine KissCity, son attitude et son discours changent radicalement. Il se réinvente, et se présente comme le patron d’une savonnerie, faisant partie du « Club Business France Angers » et du « Roraty Club » Il me fait miroiter de potentiels annonceurs susceptibles d’acheter des espaces publicitaires pour communiquer sur leurs produits viticoles. Cependant, en changeant sa stratégie, il a réussi à capter un peu plus mon attention, même si en apparence je lui réponds par politesse ou pour passer le temps. Nous sommes en plein confinement et dans mon secteur d’activité, forcément les affaires sont au ralenties…

Le Prédateur déploie encore plus d’énergie. Il m’envoie des contrats et business plan, me propose de me rémunérer à hauteur de 7000€ pour poser sur les calendriers viticoles en juillet 2021.

 

 

2 JANVIER 2021

Face à son insistance, je demande l’avis de mon avocat :

– Ma Estelle, tu es tombée sur un fou qui est capable de rédiger un business plan et des contrats bidons pour t’attirer à lui !

-Mais ce n’est pas possible humainement que quelqu’un perde AUTANT de temps pour monter des projets bidons !! C’est fou !!

– Hé bien oui, justement, Estelle, tu es tombée sur un fou !!

Je mis ce manque d’enthousiasme sur la monotonie du confinement et sur la tendance des avocats à voir les catastrophes partout.

Estelle crois-moi, tu fais ce que tu veux, mais si j’étais toi je ne signerais pas. Les documents que tu m’as envoyés n’ont aucune valeur juridique. Selon moi tu es tombée sur un mec rusé, capable de monter de faux projets pour t’attirer ! C’est à tes risques et périls. 

Exaspérée et blessée dans mon amour-propre, notre conversation téléphonique s’achève là. Cependant, je décide de prendre mes distances progressivement avec cet individu qui change d’idées de business, comme de chemises !

Je tente de limiter poliment les échanges. Le Prédateur n’en démord pas. Il me harcèle dès le matin et le soir pour me demander de signer le contrat. Me sollicitant pour des visios intempestives. Bref. J’ai la désagréable sensation d’être harcelée.

En plus du Prédateur du Web, je suis aussi harcelée par les policiers, qui exigent que je quitte Cannes pour me rendre manu militari à une audition, à Paris, le 31 décembre, à 9h ! On est clairement dans la GROSSE mascarade, surtout quand on connait la suite de cette bavure policière (24h de garde à vue abusive dans 2 commissariats différents de Paris !)

 

En dépression suite aux harcèlements que je subissais de la part du Prédateur et de la police, en même temps

 

Paris, le 6 Janvier 2021 : Garde à vue abusive de 24h chrono

 

 

De retour à Paris pour honorer l’audition libre avec la policière, je me retrouve, (comme vous le savez), en garde à vue illico-presto, sans crier gare, au cachot !! C’est parti pour 24h chrono dans les méandres des commissariats parisiens, baladée entre le 9ème et 18ème arrondissement, sans ménagement ! `

Forcément, quand je suis relâchée de cette abracadabrante affaire, je suis un peu déboussolée. Je fonce à ma banque, au taxi, puis train pour Cannes, sans demander mon reste.

« Adieu les cons ! » comme dans le titre du de la comédie d’Albert DUPONTEL. Je suis déterminée à mettre les voiles vers d’autres horizons, plus propices à la paix et à la reconstruction.

 

 

Affiche du film « Adieu les cons » de DUPONTEL

 

 

Début du burn-out

CANNES FEVRIER 2021 :

 

 Le bougre ne lâche pas le morceau.

Il inonde ma messagerie de photos tendancieuses, messages injonctifs, et de liens pour participer à des visioconférences dont je n’ai cure.

Il me propose comme à son habitude des projets fallacieux et plus farfelus les uns que les autres. Peu à peu, je me désintéresse de ses fulgurances improductives…

Loin de se décourager, pour égratigner mon égo et me faire réagir, le prédateur me laisse croire qu’il a trouvé une autre égérie pour représenter le calendrier des régions viticoles. Une certaine Amandine, avec qui il aurait déjà travaillé et qu’il se vanterait avoir eue comme l’une de ses conquêtes. Ne voulant pas en entendre davantage, je désamorce ses manœuvres. Il me demande où je me trouve exactement, car sur les réseaux sociaux j’avais pris soin de protéger ma destination.

 

Le Prédateur n’a eu de cesse de ma harceler sans répit alors que j’étais déjà psychologiquement fragilisée par la GAV abusive de 24h

 

Je savoure ma solitude, tranquillité, célibat et liberté de mouvements enfin retrouvés. Le Sud m’ouvre ses bras, avec ses étendues marines, sa chaleur estivale même en hiver et son accent du midi. Je pense être au paradis sur terre…Mes journées de misanthrope se ponctuent entre mon jogging matinal le long de la jetée, mes séances de yoga, l’écriture d’articles, la lecture de livres de développement personnel et mes posts quotidiens sur les réseaux sociaux. Rien de transcendant, mais je suis heureuse et épanouie dans ma routine de confinée. Jusqu’à ce qu’on me fasse chier à nouveau. Entre les policiers qui « géolocalisent » mon téléphone et épient mes réseaux sociaux, des personnes de confiance qui tombent les masques, ma famille avec qui je suis en rupture totale, et ce Prédateur qui ne cesse de me harceler, je crois sincèrement être au bord du burn-out… (même au paradis !)

 

Je ne suis pas bien moralement et physiquement, en dépit de ce que je laisse transparaitre sur les réseaux sociaux.

 

Le stress post-traumatique causé par la garde à vue abusive de 24h, se manifeste sous forme de paralysie du côté droit de mon corps, d’angoisses, d’insomnies, de douleurs diffuses impromptues et d’un vague sentiment de dépression. Autant dire que le Prédateur arrive à une période de ma vie où je suis très fortement fragilisée.

Aussi bien dans ma vie personnelle, qu’en tant que cheffe d’entreprise. C’est du pain bénit pour le Prédateur, qui attendra juste le mon moment pour donner l’estocade finale et me faire tomber de mon cocotier.

 

1ère visite chez le Prédateur

Fin manipulateur, le Prédateur du Web, vient de sortir son jockey : la commercialisation de coffret en bois, contenant des gâteaux angevins, des bouteilles d’alcool et des culottes en coton représentant des feuilles de vignes. L’ensemble est super beauf et de très mauvais goût….

 

 

Cependant, ayant besoin de me changer les idées et de développer de nouveaux projets pour préparer l’après-Covid, je pense percevoir un potentiel dans cet ensemble hétéroclite. Et si nous commercialisions des Coffrets Customisés par des street-artistes, en éditions limitées ??!!

J’affine l’idée, jusqu’à trouver le concept des box à thèmes s’inspirant des 7 péchés capitaux. L’opportuniste me propose alors d’être l’égérie de la marque « Les CEPS Péchés Capitaux », et son associée. Dès lors, il n’a de cesse de me solliciter pour m’arracher des idées novatrices afin d’apporter plus d’envergure au projet.

Oubliant son côté libidineux, mon esprit se concentre sur le projet entrepreneurial qui me plaît et m’occupe l’esprit de plus en plus.

 

Les Coffrets Customisés que j’ai mis en place à partir de zéro !

 

La tâche est ardue, car en fait le Prédateur n’avait rien préparé de concret ! Par la suite je découvris qu’il n’avait même pas les moyens de financer les projets pour lesquels il m’avait sollicitée depuis septembre 2020 ! Ses coffrets en bois étaient de véritables coquilles vides, pas du tout conceptualisés, sans intérêt commercial, ni vision, jusqu’à ce que je m’implique à 200% dans le projet, et lui donne l’impulsion qu’il manquait.

 

Estelle GUEÏ, l’instigatrice du concept « Les Ceps Péchés Capitaux » et l’artiste Bruno GIQUEL qui a réalisé le portrait de l’Egérie de la marque.

 

 

BOURGNEUF-EN-MAUGES, MARS 2021

Le Prédateur s’impatiente et me propose de venir chez lui pour « travailler plus rapidement sur le projet». J’organise donc un 1er voyage, dans un village proche d’Angers, qui représenterait parfaitement la « France périphérique des Gilets Jaunes ». Ce 1er séjour se passe sans heurts. Mis à part qu’effectivement lorsqu’il est venu me chercher en voiture à la gare d’Angers, ses yeux semblaient briller d’un éclat assez étrange et mystique dès qu’il posait son regard sur moi…Sa mine patibulaire et sa casquette en paille achevèrent de dissiper mes doutes, car le bougre ne ressemblait pas à grand-chose. On aurait dit un parfait paysan inoffensif, mais alcoolique. Ma première impression, en le rencontrant pour la 1ère fois, fut qu’il était vraiment très laid ! L’individu en avait conscience car il répétait à qui voulait l’entendre : « Je n’ai pas le physique de Tom Cruise mais elles s’intéressent toutes à moi ! ». Ce qui me faisait doucement rire en douce, me demandant quels types de femmes pouvaient bien avoir envie d’intimité avec un pareil rustre…

 

Cette autodérision était une technique bien rodée, pour susciter la sympathie  et compassion chez ses proies, en se victimisant derrière son physique caricatural, de bedonnant, rougeaud et court sur pattes. A l’époque des cours seigneuriales, la tenue du bouffon du roi aurait parfaitement sied à cette vision d’horreur !

 

 Ce 1er séjour angevin est ponctué de visites au sein de sa famille, chez ses employeurs, maîtres-vignerons et fournisseurs. En apparence il fait illusion, donne l’impression d’être « aux affaires ». Je suis impressionnée par son hyperactivité et les histoires incroyables qu’il raconte. Au début, il me présente dans son village comme « une grand journaliste et influenceuse de Paris, égérie de sa marque ». Par la suite son discours changera en faisant croire qu’il était « mon sauveur » et que « j’avais de la chance d’être sous son aile » !

Par la suite, je compris que c’était un dangereux mythomane, manipulateur et pervers-narcissique, qui excellait dans son art depuis des années, pour exploiter sexuellement des jeune filles et jeunes femmes vulnérables. Comme lorsqu’il mentit au sujet de son hypothétique propriété, qu’il aurait « prêtée à sa mère », pour préférer vivre dans un HLM, dont le loyer, serait payé par son employeur, afin que sa mère vive dans de meilleures conditions…Mensonge qu’il réitéra devant 2 amies parisiennes qui étaient venues me rendre visite. Je découvris seulement la vérité, quelques mois plus tard, le jour où je l’ai accompagné à la banque, pour l’aider à effectuer sa levée de fonds pour financer son  projet bidon car il n’avait pas un rond !

Effectivement, lui qui se présentait comme un notable de la ville, une personne importante, je trouvais bizarre qu’il vive dans un logement social, dans un trou perdu…Mais je ne me formalisais pas pour autant, refusant de le juger sur l’aspect matériel et lui attribuant le bénéfice du doute.

Je voulais surtout mener à bien le projet, car je m’étais investie financièrement et moralement en fédérant autour de moi des fournisseurs, partenaires et des artistes tels que le parisien Pelo, le Cannois, Kotek et le portraitiste-animalier ligérien, Bruno GIQUEL. Plus tard, je découvris par hasard, sur les réseaux sociaux, que ce dernier préfèrera continuer de collaborer avec le Prédateur sexuel, malgré mes confidences et mes appels téléphoniques, pour lui expliquer les sévices et abus sexuels que j’avais subi pendant 3 mois et demi chez cet individu, alors que nous n’avions pas ce type de relation, car je ne voulais pas que cette personne terriblement laide m’approche intimement !

Dans quelques jours, le gouvernement annoncera un 3ème confinement. Je suis très loin d’imaginer le drame qui se joue malgré les mises en garde de mon avocat. Je repars à Cannes, satisfaite et pleine d’heureuses perspectives !

 

 

L’artiste Kotek et Estelle GUEÏ à Cannes pour proposer de participer au projet « Les Ceps Péchés Capitaux »

 

L’étau se referme

CANNES, PÉRIODE DU 20 AU 29 MARS 2021

Jamais je n’aurais imaginé une seule seconde passer le reste du 3ème Confinement à Bourgneuf-en-Mauges, malgré ses propositions insistantes pour m’héberger « afin qu’on travaille plus vite ».

A partir du 20 mars, l’étau du prédateur se referme impitoyablement sur sa proie. Ce matin-là, je m’apprête à sortir de mon lit, lorsque mon pied droit subitement ne semble plus bouger… Il est comme paralysé ! Je ne sais pas ce qui se passe !

 

 

Je suis à 1000km de ma famille, avec qui je suis temporairement fâchée et administrativement, je suis partie à Cannes sur un coup de tête. N’ayant pas eu le temps d’assurer mes arrières au niveau de la santé. Sans couverture sociale, tous mes frais médicaux sont intégralement à ma charge. Je paie en cascade des consultations chez les médecins, produits pharmaceutiques, radios, IRM et scanners. Le 25 mars, les médecins ne trouvent toujours rien et je me déplace en boitant. L’angoisse est d’autant plus grande que je me sens de plus en plus isolée et déprimée. Et ce confinement qui pointe à l’horizon…La solitude est trop lourde à porter «la nature a horreur du vide». En dépit du cadre idyllique, de la chaleur des sudistes et du climat méditerranéen, le doute m’assaille.

 

Et si ce mystérieux individu était un envoyé de Dieu, une sorte d’ange-gardien, pour m’aider dans cette période si compliquée ?

 

Descente aux enfers

BOURGNEUF-EN-MAUGES, 30 MARS 2021

Je décide d’accepter enfin la proposition du Prédateur, de m’héberger le temps du 3eme confinement à son domicile, afin que nous travaillions « plus vite » sur le projet de Coffrets Cadeaux. Après de longues tergiversations et appels téléphoniques avec des ami.e.s pour mesurer le pour ou le contre, je décide de lui faire confiance et me lance dans l’aventure. Je rapatrie alors toutes mes affaires et rend les clefs de l’appartement de Cannes. Quelle erreur !

Après 7h de train et toujours partiellement paralysée, j’arrive au domicile du Prédateur. La chambre d’amie est préparée, avec une photo à mon effigie accrochée à la porte. Un bouquet de fleurs séchées est posé dans un vase près de la fenêtre.

 

 

Fâchée avec ma famille, isolée et recroquevillée sur moi-même, ces délicates attentions ont ravivé mes blessures et m’ont confortée dans l’idée que rien ne pouvait m’arriver ici.

Hélas, ce fut malheureusement tout autre…

 

Lors de mon arrivée dans le village du Prédateur, j’étais loin d’imaginer le piège dans lequel j’allais tomber !

 

Les sévices sexuels démarrèrent au bout de 2 semaines. Graduellement le Prédateur se transforme en véritable prédateur sexuel. La pression monte. Il me fait du chantage : « Estelle pour mener à bien notre projet, j’ai besoin d’être super complice avec toi. C’est un gage de confiance ! » Naïvement, ne comprenant pas le sens de son propos, je lui demande alors de préciser sa pensée et de me donner un exemple concret. De plus belle, il me martèle son « besoin de complicité » se faisant de plus en plus insistant. Effrayée et ne sachant où aller, je tente de le remettre à sa place, en lui disant que nous n’aurons pas ce type de relation, que ce comportement est innaproprié et que je ne veux pas ce type de relation. Je lui précise que je suis là uniquement pour « travailler plus vite sur le projet» comme il me l’avait dit avant que je décide de venir chez lui car je lui faisais confiance.

Mécontent, il se fait plus menaçant et me force à choisir « entre une relation sexuelle ou un massage que je te fais ou que tu me fais ! » Abasourdie devant de tels propos, je tente de gagner du temps en lui rappelant « que nous travaillons sur un projet ambitieux et qu’il ne faut pas mélanger les choses ». Loin de le décourager, il me fait comprendre que je suis obligée de choisir, que je n’ai pas le choix et me balance avec mépris : « De toute façon tu vas aller où ? Dans la rue ? Tu ne parles même plus à ta famille et ils n’en ont rien à faire de toi ! »

 

 

Face à cette implacable réalité et ne sachant pas à qui confier mon désarroi, je tente de me soustraire à ses mains baladeuses et paroles malsaines en le repoussant, en tentant de le raisonner avec les mots. Son faciès et sa physionomie me dégouttent. Il est clairement repoussant. Pourtant je n’aime pas juger les gens sur leur apparence mais comme me le dira plus tard mon oncle « ça se voyait sur son visage» ! 

Mes tentatives pour le dissuader de poser ses sales pattes sur moi, tombent comme une épée dans l’eau. Le Prédateur est clairement déterminé à abuser de sa position afin d’obtenir des faveurs sexuelles. Je ressens de la peur, de l’impuissance et du dégoût. Je tente de trouver maladroitement une sorte de deal et de gagner du temps pour qu’il ne me touche pas, en lui proposant un jeu cérébral basé sur l’imaginaire et non l’action. Telle Shérazade dans Les Mille et Une Nuits, je maintiens en haleine mon bourreau, en lui racontant des scénarios qui nourrissent ses fantasmes, afin qu’il me laisse physiquement tranquille. Pendant quelques semaines, cette stratégie fonctionnera jusqu’à ce qu’il s’en lasse et s’exaspère en m’ordonnant de m’allonger car il veut me masser.

 

Avec effroi, je le vois déplier une sorte de valise noire qui se transforme en table de massage…Mes jambes flageolent.

 

Je ne veux surtout pas m’allonger, ni qu’il touche mon corps avec ses affreux doigts boudinés, ni sentir son haleine avinée. S’en est trop. Je pleure, je m’insurge. Insensible, le regard torve, il me rappelle que « c’est le deal qu’on a convenu 3 soirs par semaine ». 

Mon pied était toujours douloureux et j’étais frappée de douleurs impromptues. Je me voyais difficilement quitter le domicile du Prédateur, en plein confinement, en pleine campagne et pour aller où ? De plus, j’étais trop fière pour demander l’aide de ma famille ou des ami.e.s à ce moment-là.

Malade, en dépression et ne comprenant pas ce que je vivais, je me laissais porter par un sentiment d’incertitudes, d’effroi, de craintes et d’incompréhension…J’avais l’impression d’être sous une emprise, mon corps ne m’appartenait plus, et ma liberté si chèrement gagnée était entravée.

Chaque jour, en public et en privé, le prédateur sexuel n’avait de cesse de montrer que j’étais comme sa propriété ou un faire-valoir qu’il exhibait fièrement.

Pour mieux m’asservir, il m’incitait à suivre son rythme, en prenant l’apéro midi et soir. Et de travailler de façon acharnée sur le projet tôt le matin. Les journées étaient ponctuées par ses démarchages commerciales chez les vignerons du coin et fournisseurs, visites à sa famille, tournages de vidéos et captations d’images en tant qu’égérie pour la marque « Les Ceps Péchés Capitaux ». Au demeurant ses proches étaient très gentils avec moi, mais bien entendu je faisais bonne figure et ne laissait rien transparaitre, gardant pour moi tous les sévices que je subissais le soir venu, car j’étais comme sous une emprise psychologique et ne réalisait pas vraiment que ce qu’il me faisait n’était pas normal.

Logo de la marque « Les Ceps Péchés Capitaux » dont je suis l’instigatrice. Le Prédateur m’a clairement volé le concept, en déposant la marque à l’INPI et en s’inspirant de toutes mes idées, preuves à l’appui !

 

 

L’emprise psychologique

J’étais obligée de me soumettre à son mode de vie, rythme et exigence. Chaque repas du soir devait se prendre en sous-vêtements, assise sur un tabouret haut, où il posait une serviette en éponge, en référence aux codes des naturistes, qui avaient cette pratique de protéger leurs assises. Je me demandais où j’étais tombée…Dans le même temps où le prédateur sexuel me faisait ses avances et attouchements, il me semblait qu’il se transformait en une sorte de rabatteur ou proxénète, voulant me présenter quelqu’un de son entourage. Dans les premiers temps, gênée je lui signifiais que je n’étais pas venue pour cela et que je préférais être célibataire. Subrepticement le sujet revenait, ça en devenait presque malsain. Avec le recul, je me rends compte qu’après avoir visionné tout l’ensemble des messages que le Prédateur m’avait envoyé, il avait fait quelques allusions à cette personne avant que je vienne. Mais naïvement je n’avais rien relevé auparavant balayant le sujet d’un revers de main.

Plus tard, après l’avoir surpris en train de fouiller mon téléphone, je découvrirai dans son portable des messages WhatsApp éloquents échangés entre cet individu à propos d’une jeune chanteuse angevine qui serait « célibataire ». Les messages dataient de bien avant mon arrivée…A partir de ce moment-là je cru comprendre que le Prédateur n’utilisait pas les réseaux sociaux juste pour passer le temps ou pour resauter. Mais surement pour stalker (internaute oppressant, obnubilé par une personne et qui est persuadé qu’elle est amoureuse de lui)  et chercher de jeunes proies, qu’il pourrait éventuellement abuser, puis présenter ensuite à des tiers.

 

 

Par la suite, je le surpris également à accourir dans le salon, se mettre devant son ordi, dés qu’une certaine sonnerie s’enclenchait. Intriguée, j’observais le phénomène et découvrit qu’il avait mis des alarmes ou notifications, dès que je postais des stories ou publications sur Facebook ! Consternée, je remarquais que je n’étais pas la seule « proie » qu’il avait mise sous alarme…

 

 

Dans mon cas, il est vrai que je ne fais pas mon âge, ce qui peut être un avantage comme un inconvénient, selon le contexte. Lorsque le Prédateur m’avait repérée sur les réseaux sociaux il pensait que j’avais autour de 25 ans. Il fut abasourdi lorsqu’il découvrit qu’il n’en était rien au moment de signer les contrats pour les coffrets cadeaux. Visiblement l’âge était l’un de ses critères de recherche. Cela semble être typique du comportement d’un pervers. Car les prédateurs développent des instincts pour repérer leurs victimes, souvent les plus jeunes et les plus fragiles, qui sont des proies faciles, pour les abus sexuels, maltraitance et chantage. 

Plus tard, il me demandera si je ne peux pas lui présenter certaines de mes copines qu’il a repéré sur les réseaux sociaux à mes côtés. Il me demanda également de l’initier à Instagram car il était « une bique » en la matière. Sur le coup je crû que ce besoin était purement marketing. Sauf qu’après analyse de la chronologie des faits, je m’interroge pour savoir s’il ne s’agissait pas plutôt de repérer des proies plus jeunes. Car il est notoirement connu que la cible Facebook est plus âgée que sur Insta ou TikTok !

 

Horrifiée, je compris que cet individu était clairement malsain et dangereux. Que c’était un coutumier du fait, agissant dans la plus totale impunité.

 

A plusieurs reprises il se vantera d’avoir fait perdre en procédure une jeune femme qui l’aurait mené en justice, pour harcèlement sexuel. Il aurait gagné le procès en soufflant une idée à son avocat, inspiré au dernier moment, pour demander à la victime quel était son signe intime distinctif. Celle-ci n’étant pas en mesure de répondre, elle aurait perdu le procès.

Plusieurs fois il fera référence à cette victoire. Tout comme cette anecdote consternante qu’il me confia au sujet d’un certain médicament qu’il aurait ingurgité, pour faire baisser son niveau d’alcoolémie dans son organisme, après avoir provoqué un accident de la route qui l’obligeait à des contrôles judicaires.

Ses confidences ne connaissaient aucune limite. Bien souvent il aimait répéter en fanfaronnant, qu’il avait « quitté l’équipe cadette nationale de basket au bon moment »

Étonnée qu’un tel individu ait pu entrainer l’équipe de basket ou même qu’il puisse avoir été un jour sportif, je lui demandais naïvement des explications :

Hé bien à cause du phénomène Mi-tou, Estelle !

Ne comprenant toujours pas :

Mais quel est le rapport entre le sport et #MeToo ?

-Tu ne comprends pas ? Je voyais les nénettes prendre leurs douches devant moi, à poil, et parfois je les aidais même à mettre leur Tampax quand elles avaient leurs premières règles. Aujourd’hui avec tout ce qui se passe dans le domaine du sport, ce serait impossible une telle intimité !

Interloquée et gênée, je n’essayais même pas de comprendre plus…Je sentais seulement que c’était malsain. Je vivais un cauchemar éveillé, où mon seul lien, à peu près rationnel et tangible, était cette création de Coffrets Customisés, en attendant désespérément que le monde post-confinement redevienne normal. Que je puisse enfin retrouver mes repères et ma liberté.

 

 

Le prédateur se confiait régulièrement sans filtre, de façon déroutante, me prenant pour sa complice, psychologue ou même sa femme. Je n’en revenais pas ! Jusqu’à avoir peur, lorsqu’un dimanche, dans un état d’extrême fébrilité, il m’affirma avoir des discussions avec son défunt père qui lui répondrait…Il se mit alors à marmonner et à parler tout seul, à haute voix dans l’appartement. A deux reprises cela arriva, mais je mis cela sur le compte de l’humour ou du désœuvrement mental provoqué par les confinements.

Cependant, je commençais à me demander sérieusement si l’individu n’était pas atteint de schizophrénie ou d’une autre pathologie mentale…J’étais en plein désarroi et coupée de tout, et de tous. Le seul lien qui me rattachait au monde extérieur, lorsque le Prédateur ne me véhiculait pas pour sortir, c’était les réseaux sociaux ou les appels téléphoniques que je passais à quelques copines. J’échangeais aussi avec ma communauté de KissCiteurs, mais jamais je ne dévoilais l’enfer que je vivais, par sentiments de honte, culpabilité, peur et incompréhension de ce qui se passait.

Cette emprise psychologique fut rendue possible à cause de la convergence de différents facteurs rendant favorable tous abus de faiblesse ou de confiance. J’étais comme prise dans un engrenage infernal, qui rappelait le système de manipulation des sectes.

Habitant et travaillant chez le prédateur sexuel pour mener à bien le projet de coffrets, je ne disposais pas du recul nécessaire pour mesurer la dangerosité de la situation dans laquelle je me trouvais. 

Bien souvent le prédateur sexuel m’observait du coin de l’œil, goguenard, puis s’esclaffait : « Estelle, tu es vraiment une proie facile ! »

 

Étant dans le plus parfait déni, je ne me sentais pas au début comme une « proie » ou une « victime », je pensais qu’il faisait allusion à mes précédentes mésaventures avec la police ou aux personnes qui m’avaient trahies.

Par la suite, j’interprétais son interrogation comme un signe d’épatement pour avoir réussi à me faire sortir de son « écran virtuel », pour me matérialiser, là, devant lui, dans son salon ! Pour lui c’était incroyable et pour moi abominable…

J’étais comme un objet de convoitise ou de désir. Une fois chez lui, je suis devenue sa propriété !

 

 

Pour oublier ou minimiser ce que je vivais secrètement et silencieusement, je m’investissais à fond dans le projet pour lequel il m’avait sollicitée. Cela prenait forme, car sous ma géniale impulsion, les coffrets cadeaux customisés, furent réalisés par les artistes. Je participais à des événements et remises de prix hippiques pour valoriser la marque de coffrets (retransmissions sur la chaîne Equidia). Je mis en place un ensemble de réseaux sociaux et outils de communication dédiés à la marque. Je réalisais des stratégie marketing pour commercialiser les produits dérivés. Rencontrais les fournisseurs et partenaires.

Et lorsque je compris que le Prédateur n’avait pas les moyens de sa politique, je décidais par la suite de l’aider, en effectuant une levée de fonds auprès d’organismes bancaires ! En parallèle, je fis de même, en réalisant ma propre levée de fonds et en créant ma nouvelle structure commerciale 2GR. Je précise que malgré tous les résultats concrets et preuves à l’appui, je n’ai pas touché un seul centime, alors que je me suis investie dans la création de la marque de coffrets customisés. Sous ma pression le Prédateur fut obligé de me reverser les 10% sur lesquels nous nous étions mis d’accord avant que je n’effectue sa levée de fonds. Mais bien entendu, pour me payer ce fut des mensonges et des tractations sans fin.

 

Instigatrice du concept de coffrets customisés et égérie de la marque

 

A ce jour, les coffrets cadeaux customisés par l’artiste nantais que j’avais repéré, Bruno GIQUEL, sont toujours chez lui, avec notamment le Coffret Vegan représentant mon portrait ! Malgré mes confidence au sujet des abus sexuels que j’avais subi de la part du Prédateur, l’artiste en question préféra continuer de travailler avec mon agresseur sexuel, comme je le découvris par hasard sur les réseaux sociaux.

 

 

 

Le Prédateur Sado-Masochiste

Chaque soir, le Prédateur jouait le même scénario immuable : me forcer à boire l’apéro pour me rendre euphorique, habillée en petite tenue, puis rédiger un scénario sadomasochiste  qu’il qualifiait de « bdsm soft ». (bondage-domination-sado-maso) Il m’obligeait à exécuter des jeux obscènes, où j’étais bâillonnée et attachée à son lit. Il m’introduisait alors des objets ou ses horribles doigts. Parfois, après le dîner, il me demandait d’attraper mes sous-vêtements qu’il avait pris soin d’attacher au lustre, comme si j’étais un chat. Lorsque je ne voulais pas me soumettre à ces traitements sadiques, dégradants et humiliants, il s’énervait et me menaçait. J’avais peur, même si je m’efforçais instinctivement de ne pas le montrer, car bien souvent le soir, il était très fortement alcoolisé et ne contrôlait ni ses gestes, ni ses paroles.

Par la suite, le prédateur sexuel revendiquant sa « bisexualité » me confie que son fantasme serait de « se faire pénétrer par un TRÉS jeune homme ». Je suis atterrée. S’ensuit alors des descriptions d’orgies qu’il aurait eu avec 3 jeunes hommes de son entourage et d’autres filles... Le ciel me tombe sur la tête…

 

 

Je subis également tous les jours sa nudité forcée, car se revendiquant « naturiste », il se baladait dans le plus simple appareil dans l’appartement, lorsqu’il n’y avait pas d’invités ! Il augmentait également la puissance du chauffage, pour que je sois également toute nue. Ne me laissant pas le choix, je fus obligée d’être en tenue plus légère le soir, notamment pour les repas, au risque d’essuyer ses violents accès de colères et mouvements d’humeurs très imprévisibles, qui me faisaient peur par leur disproportionnalité et soudaineté.

L’autre variante, était la vue de son string, qu’il portait parfois avec ostentation devant moi et qu’il m’obligeait à choisir le modèle le matin. J’étais prise de dégout, n’imaginant pas qu’un être humain puisse être aussi déviant, malsain et irrespectueux de la femme.

J’étais tombée dans la gueule du loup…

 

Les douleurs de ma cheville s’estompant , je tente de visualiser où je me trouve. Car encore convalescente et fragile, tous les trajets se font en voiture avec le prédateur. Je n’étais pas sortie seule de son logement depuis plus d’un mois, à cause des douleurs impromptues que je ressentais de temps à autre.

Lorsque je sortie seule dans les alentours pour reprendre des exercices physiques Le choc fut phénoménal. Je découvris que l’immeuble était isolé, en pleine zone profondément rurale, situé entre une église, un distributeur automatique de baguettes, un resto type routier, des pavillons de « banlieue de campagne » et des champs à perte de vue. Je crû sentir le sol se fissurer sous mes pieds pendant que j’explorais les environnements… J’étais CLAIREMENT dans un trou perdu. Pas de métro, ni de bus, ni de tram. Rien. A part des cars, des tracteurs et des gros camions qui mènent des cochons à l’abattoir.  Saisie de panique, je sens qu’il est urgent que je parle à quelqu’un de ma situation même si j’ai très honte. Une copine me dira : « Mais Estelle tu t’en fous de ta fierté, tu te rapproches de ta famille et TU TE BARRES de chez ce pervers !»

Focalisée à 2000 % sur le projet « Les Ceps Péchés Capitaux », ayant investi beaucoup de temps, d’énergie et aussi quelques économies, je me voyais difficilement déclarer forfait, devant les artistes qui m’ont fait confiance, les partenaires et les KissCiteurs. De plus, demander l’aide de mes parents et soutien de mes proches, m’était intolérable.

 

Le Prédateur a profité de mes idées, réseau d’artistes et stratégies de communication, pour développer la marque

 

Engluée entre amour-propre, fierté, culpabilité,  jusqu’au-boutisme et déni de la situation,  je m’interroge sur  le système du prédateur sexuel qui semble être bien rôdé. D’autant plus que mon agresseur paraît être introduit dans la vie sociale de sa région, engagé dans de nombreuses associations, confréries et multiplie les collaborations tous azimuts. 

La lecture de son CV de 2 pages, faisant références à de grandes sociétés comme TF1, et son parcours d’ex-militaire, décoré des médailles d’honneur remises par l’armée pour sa droiture irréprochable et le dévouement dont il aurait fait preuve dans l’exercice de ses fonctions, me rappellent l’affaire de François Vérove, surnommé « Le Grêlé », qui était un édile, ex-policier violeur et tueur en série, qui avait toujours échappé à la justice. Bien entendu il ne s’agit pas de meurtre, mais d’abus sexuels et de viols répétés à plusieurs reprises sur une période de 3 mois et demi. En tant que victime, je m’interroge légitiment sur la possibilité qu’il y ait eu d’autres victimes au cours de ces 30 dernières décennies.

Car tout comme « Le Grêlé » derrière le Prédateur se cache sûrement un père de famille attentif, homme engagé dans des associations (Société des courses de Jallais, comité Ambassadrice du Val de Loire Miss Hippodrome de France …), confréries (Fins Gousiers d’Anjou). Un Prédateur Sexuel, pouvant se montrer rassurant, sympathique, à l’écoute, père et mari model, qui au fond de lui cache une bête immonde, prête à surgir dés que ses bas instincts impulsifs la réveillent !

Jamais à l’abris d’un coup de Trafalgar, le prédateur sexuel m’incitera à l’accompagner en week-end dans un camps de naturistes dont je ne pouvais bien évidemment pas me soustraire…Heureusement, qu’en plein mois d’avril les campeurs nudistes ne découvrirent pas un fil !!

 

Je me demande sincèrement ce qui a pu bugger dans son esprit, pour en arriver à repérer des proies sur les réseaux sociaux et à les inciter à l’accompagner dans des camps naturistes ou à les attirer chez lui ?

 

Le déclic

Mon calvaire aura duré 3 mois et demi.

Jusqu’à ce fameux soir, où je crû mourir. Alors que je n’avais pas bu une seule goutte d’alcool de la journée et de la soirée, quelques minutes après le dîner, je fus prise d’étranges et violents malaises. Sueurs froides, cœur qui s’emballe, intestins retournés, maux de tête, palpitations, tremblements… Mon corps m’échappait. Je voyais mes forces diminuer. D’un coup. Une chose pareille ne m’était jamais arrivée si brutalement et à mon insu.

Je fis de nombreux allers-retours aux toilettes. Le mal ne passait pas. J’avais l’impression que mon cœur allait cesser de battre à tout moment. L’air commençait à manquer. Je fus prise de tournis et m’allongeais dans ma chambre en attendant que le malaise passe. Celui-ci était persistant et inquiétant, donc je suppliais le Prédateur pour qu’il m’emmène à l’hôpital le plus proche, car j’avais très peur pour ma santé. Celui-ci refusa en prétextant que « s’il m’emmenait à l’hôpital dans l’état où j’étais, on m’enfermerait dans un hôpital psychiatrique ! » Bien entend j’eu encore plus peur, même si je ne souffre d’aucune pathologie de ce type et que je trouvais son explication incongrue. Le délit de non assistance à personne en danger, est condamnable de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.

Il m’ordonne d’aller à la douche et me savonne tout le corps en me demandant à nouveau « un rapport sexuel », que « ça lui ferait plaisir » et « qu’il l’avait bien mérité car il était gentil avec moi ». Sincèrement, à ce moment-là j’étais tellement faible et épuisée, que j’aurais pu céder à ses avances. Heureusement, dans mon malheur, j’ai eu une chance phénoménale, car dans un soubresaut de dernière énergie vitale, je trouve la force, je ne sais comment, d’articuler : « non ! »

 

 

Mécontent, mais conscient que mon état est tout de même assez grave, il n’insiste pas plus longtemps et m’enjoigne de dormir avec lui, dans sa chambre « pour vérifier que mon cœur ne s’arrête pas de battre pendant la nuit ». Hypocondriaque, j’accepte de dormir dans sa partie. Le lendemain matin, j’ai des nausées, une sensation de flottement, une grande fatigue générale, maux de tête violents et une étrange sensation de moiteur gluante, comme une sorte de dilatation, au niveau de mon intimité. Je réalise soudain que je dois mettre ma fierté de côté et me rapprocher de ma famille et ami.e.s pour sortir de ce calvaire !

Je précise que depuis quelques semaines, j’avais de sérieux doutes sur la possible absorption de drogues ou médicaments ingurgitées à mon insu, car bizarrement le prédateur sexuel me posait des questions très particulières sur « mes secrets les plus intimes » ou encore voulait savoir quel type de contraception je prenais, si j’avais eu mes règles et à quelles dates. Il me répétait souvent que j’avais «des secrets » et que je devais les partager avec lui pour être encore plus complice. Mais n’ayant pas de déviances sexuelles de cet acabit , forcément, le prédateur était frustré de ne pouvoir obtenir ce qu’il voulait : des confidences et un rapport sexuel sous forme de coït !

De plus, il semblait surpris quand je lui répondais que j’avais toujours mes règles au bout de 2 mois.  Instinctivement, j’ai senti que je devais dire « oui » alors que brutalement, mon cycle menstruel avait cessé ! Tout est rentré dans l’ordre 2 mois plus tard, lorsque  je me suis installée chez ma mère, à Nantes…

 

Avec le recul je me demande si mon agresseur ne m’aurait pas droguée ou administré des médicaments, à mon insu, dans la nourriture ou verre, afin d’avoir des relations sexuelles « plus classiques » 

 

*********

 

Lorsque j’ai déposé plainte au commissariat de police à Paris, le 27 septembre 2021, je fis part de mes doutes à la policière, patiente et bienveillante, qui au vu de la description des symptômes, me confirma que cela pouvait être du GHB, communément appelée la drogue du violeur.

 

 

Le sentiment de culpabilité m’a longtemps rongée avant que je n’aie le courage de franchir à nouveau la porte d’un commissariat de police pour porter plainte. Pendant les faits que je vous ai relaté, en toute transparence et honnêteté morale, je me sentais honteuse, salie dans mon intimité. Intellectuellement le mot « abus sexuels » ou « viols » n’avaient même pas encore traversé mon esprit. Je vivais dans le déni le plus total, même 3 mois après les faits. M’en voulant d’être tombée à mon âge dans un tel traquenard. Je refusais d’endosser le statut de victime, alors que psychologiquement et physiquement j’étais détruite par ces attouchements sexuels et pénétration d’objets, répétés, non consentis, qu’il me faisait subir pendant une période où matériellement, psychologiquement et socialement, j’étais une jeune femme célibataire, faible et perdue, dans ce tourbillon de confinements à répétition et d’incertitudes matérielles.

Lorsque ma mère m’a tendue les bras et accueillie, elle a vu immédiatement que sa fille n’était plus la même comme elle me le confiera plus tard. Je ne l’avais pas encore informée de ce que j’avais vécu pendant ces 3 mois et demi à Bourgneuf-en-Mauges. Ayant du mal à communiquer à cause de mon hypersensibilité, j’étais angoissée, je me sentais salie et coupable. J’ évitais tout contact physique, me renfermait sur moi-même, en mettant en place des rituels susceptibles de m’aider à aller mieux au quotidien, pour ne pas perdre pieds, comme le sport à outrance, la méditation, le yoga, l’écriture, et la préparation de la rentrée, pour trouver le courage d’avancer dignement.

 

 

Après un gros travail sur moi-même,  j’ai retrouvé ma santé, mon indépendance financière et autonomie, pour ensuite acquérir mon propre logement et développer mes projets entrepreneuriaux.

 

Cependant, 7 mois après les abus sexuels et viols dont j’ai été victime pendant 3 mois et demi, de longues séances de psychanalyse me sont nécessaires, pour me reconstruire et oublier les sévices dont j’ai été victime de la part de cet individu, que je ne connaissais pas, et qui a mis en place de nombreux stratagémes pour m’attirer dans son vicieux piège.

 

 

Malgré les sentiments de honte, culpabilité, peur ou déni, porter plainte et dénoncer les prédateurs fait partie du processus de reconstruction pour retrouver une vie normale et ma dignité de femme !

 

J’espère qu’à travers mon témoignage, les nombreuses victimes silencieuses de cette culture du viol et des comportements abusifs, trouveront enfin la force et le courage nécessaires pour entamer des démarches judiciaires. Pour cela, soyez entourée et épaulée, après avoir porté plainte à la police, par un avocat, votre famille , des associations et voyez un médecin pour faire constater les abus, ainsi qu’un psychologue. Ne restez pas isolée et ne minimisez surtout pas ces gestes et paroles, que nul homme n’a le droit de vous faire subir contre votre gré, au prétexte que vous êtes redevable de quelque chose, dépendante ou physiquement plus faible que votre bourreau !

En tant que victime, on ressent de la honte, un sentiment de culpabilité qui nous empêche de porter plainte, par peur de ne pas être crue ou parfois de perdre notre emploi.  La peur doit changer de camp, car lorsqu’on a subi des abus sexuels, viols ou tentatives de viols, le sentiment d’être mal dans sa peau ou d’être dans le déni  est typique.

 

Les Prédateurs Sexuels le savent très bien et en jouent pour nous dissuader de les dénoncer.

Dans mon cas par exemple, le Prédateur Sexuel me martelait souvent, de façon insidieuse, qu’aucun homme n’aurait envie d’aimer une femme abusée sexuellement. Donc indirectement, il désamorçait par avance toutes mes démarches, non seulement d’un point de vue juridique, mais aussi affectif.

A l’heure où j’écris ces 17 pages pour témoigner de mon calvaire physique et psychologique, qui m’auront nécessité pratiquement 5 jours d’écriture et de réécriture intensives, étayées par mes preuves matérielles, je mesure les nombreux risques que je prends en rédigeant cet article. Cela m’amène à m’interroger en tant que victime sur l’omerta qui protège cette ignoble culture du viol, la question du consentement et le rôle de la justice, pour condamner les prédateurs sexuels à des sanctions plus lourdes, car des vies innocentes sont brisées dans l’indifférence !

 

 

 

 

 

Comments(2)

  • Karine

    11 décembre 2022

    Je confirme le comportement . C’est un sale type. Je suis son ancienne conjointe

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