
Interview : Rodolphe Oppenheimer
Les Confidences d’un Psy
Rencontre avec un homme engagé pour la santé mentale et tout ce qui élève l’âme. Elevé par un grand-père exigeant, haute figure de la vie politique française, et neveu du père de la bombe atomique, Rodolphe Oppenheimer, se confie en toute simplicité au média KissCity Mag, sur son métier de psychothérapeute et sur ses projets.
Par Estelle GUEÏ
Lundi 4 août 2025
L’excellence et la bienveillance en héritage
Bonjour Rodolphe, quel lien entreteniez-vous avec votre grand-père, Edgar Faure ?
J’entretenais avec mon grand-père un lien très fort, fait de tendresse, d’écoute et d’exigence. Il m’a élevé une grande partie de mon enfance, et ce fut pour moi une immense chance. J’ai grandi à ses côtés dans une atmosphère à la fois cultivée et bienveillante, où l’on pouvait parler de tout, sans tabou, avec intelligence et humour.
Auriez-vous hérité de cette force de vie et d’énergie créatrice ?
Oui, je crois que cette énergie, cette soif de curiosité et ce besoin d’agir viennent en grande partie de lui.
Il m’a transmis la conviction que la vie mérite d’être vécue pleinement, qu’il faut se relever après les épreuves et transformer ses blessures en force créative.
Comment vivre dans les pas de grands hommes ? Le petit-fils d’Edgar Faure, Rodolphe Oppenheimer, trace son chemin selon les préceptes qui lui ont été inculqués dés son plus jeune âge
Quels souvenirs chérissez-vous de cette période ?
Je garde en mémoire les moments de lecture, les conversations où il m’expliquait le monde à hauteur d’enfant, les soirées passées à écouter de la musique classique… Et son regard, toujours empreint de bienveillance et de malice.
Comment se construit-on dans une telle lignée, avec Robert Oppenheimer et Edgar Faure dans sa famille ?
C’est à la fois une source d’inspiration et un poids. On grandit avec des figures immenses qui vous rappellent l’importance d’être à la hauteur… Mais cela vous oblige à trouver votre propre chemin, à vous affirmer, et à ne pas être écrasé par l’héritage.

Remise au Sénat, du Prix de Littérature Politique Edgar Faure, fondé par Rodolphe Oppenheimer
Avez-vous eu la chance de partager les lumières de votre oncle Robert «Oppie» ? Une anecdote ?
Il est décédé avant ma naissance malheureusement.

L’oncle « Oppie » comme le nomme Rodolphe Oppenheimer, les gènes de la créativité en héritage !
Écrire, est-ce une façon de leur rendre hommage et d’inscrire votre nom dans la postérité ?
Écrire, pour moi, c’est avant tout un besoin intérieur, mais il est vrai qu’il y a une part d’hommage à ma famille, à mes maîtres, aux patients qui m’ont tant appris… C’est une façon de laisser une trace, à ma façon.

L’ancien Premier Ministre, Jean-Pierre Rafarin, remet le Prix de Littérature Politique Edgar Faure, à la journaliste et auteure, Rachel Khan, au Sénat, en présence de Rodolphe Oppenheimer
Parlez-nous de votre nouvel ouvrage *Vaincre l’angoisse – un psy à votre écoute*.
Ce livre est né d’un dialogue avec une patiente, Isabelle A., qui a accepté de partager son cheminement et sa souffrance. Il mêle son témoignage et mon analyse pour offrir au lecteur un regard à la fois intime et professionnel sur l’angoisse et les moyens de s’en libérer.
Quels sont les premiers signes d’une maladie mentale ou psychose ?
Ce sont souvent des signes discrets : un retrait social, des troubles du sommeil, des angoisses intenses, des idées délirantes, une grande confusion… Il faut être attentif aux changements brusques dans le comportement, l’humeur, la perception de la réalité.

Comment reconnaître les premiers symptômes de la psychoses ? Le psychothérapeute Rodolphe Oppenheimer nous éclaire !
Quelles préconisations pour les personnes fragiles ?
Ne restez pas seul. Parlez-en, consultez, acceptez d’être aidé. Adoptez une hygiène de vie stable, des activités physiques et créatives.
Et surtout, ne culpabilisez pas : la fragilité n’est pas une faiblesse, mais une humanité.
5 ans après le Covid-19, comment se porte la santé mentale ?
Elle reste fragilisée, surtout chez les jeunes et les personnes âgées. L’isolement, la peur et la perte de repères ont laissé des traces. Mais cela a aussi permis de libérer la parole sur la santé mentale, ce qui est un progrès.
Que pensez-vous du « coming out » santé mentale de Nicolas Demorand ?
C’est un acte courageux et salutaire. Cela contribue à briser les tabous et à montrer que même les personnes publiques et brillantes peuvent être concernées.

La santé mentale touche tout le monde, même les personnalités publiques, comme le présentateur radio, Nicolas Demorand, l’a fait comprendre au public
Vos outils pour éclairer les peurs profondes de vos patients ?
L’écoute active, la parole libératrice, la mise en sens de leur histoire. J’utilise des outils psychanalytiques mais aussi des techniques issues des thérapies comportementales et cognitives, pour un accompagnement global.
Votre vision d’une bonne santé mentale ?
C’est la capacité à aimer, à travailler, à traverser les épreuves en restant debout. Être en lien avec soi, avec les autres, sans être prisonnier de ses angoisses.
Qu’est-ce qui vous élève ?
La musique, la nature, les rencontres sincères. Et le sourire d’un patient quand il retrouve l’espoir.

Selon Rodolphe Oppenheimer pour préserver notre santé mentale, la capacité à aimer, à travailler et à traverser les épreuves, aide à rester debout
Ce qui vous insupporte ?
La médiocrité volontaire, la méchanceté gratuite, l’indifférence.
Votre actualité et projets ?
Je travaille sur un nouvel ouvrage, autour de la résilience et de l’identité, et je poursuis mes interventions en conférences et dans les médias pour sensibiliser à la santé mentale. Par ailleurs, je viens de composer et d’interpréter un double album disponible sur : https://rodolphe-oppenheimer-artiste.com
Quels compositeurs vous inspirent ?
Ferrat pour l’esprit, Brel pour l’âme, Barbara pour la profondeur. Et Lennon /McCartney pour la mélodie universelle.
Votre rituel pour écrire ?
Un carnet toujours à portée de main, du silence ou une musique douce, et l’aube ou la nuit pour écrire, lorsque tout se tait.
Un livre écrit à 4 mains, entre un psychothérapeute et sa patiente
Quand vous ne travaillez pas, que faites-vous pour vous détendre ?
Je marche beaucoup, j’écoute de la musique, je partage des moments simples avec ceux que j’aime.
Un conseil de psy pour les KissCiteurs ?
Ne vous jugez pas trop sévèrement. Accordez-vous le droit d’être imparfaits, et souvenez-vous que demander de l’aide est un acte de courage.
Rodolphe Oppenheimer
Psychothérapeute
Spécialiste en Thérapie Comportementale et cognitive (TCC)
Psychanalyste
Président de l’Institut National de Psychanalyse
La Renaissance Française
L’Etoile Civique -Médaille d’Or – Soutenue par l’Académie Française