Back

Killers of the Flower Moon

Le génocide indien 

Érigé en chef d’œuvre par la presse, le dernier Scorsese a pour décor une réserve indienne de l’Oklahoma, au début du siècle. Une tribu indienne méconnue, dont les familles ont été lâchement assassinées par une mafia de colons assoiffés « d’or noir ».  Retour sur la tuerie des Osages !

Par Estelle GUEÏ @photos de Gilles KYRIACOS

 

La tribu inconnue des Osages

Attendu comme un chef d’œuvre, le dernier film de Martin SCORSESE Killers of the Flower Moon aurait été soufflé par son acteur fétiche, Leonardo DICAPRIO. Entre fresque historique à la sauce américaine, où les conflits se règlent à coups de pistolet, Killers of the Flower Moon est une histoire vraie qui s’est déroulée au début du 20ème siècle dans une Amérique puritaine encore habitée par des tribus indiennes, dont certaines étaient propriétaires de gisements de pétrole.

Martin Scorsese

Initialement adapté d’un livre de David GRANN publié en 2017, le film relate le génocide indien sous l’angle d’une tribu méconnue : les Osages. Les femmes indiennes étaient convoitées par des colons caucasiens, car elles étaient propriétaires de terres contenant du pétrole. Devenues soudainement riches, ces familles suscitaient la convoitise des «petits blancs » prêts à tout pour mettre la main sur leur héritage.

Scorsese nous plonge, comme il aime le faire, dans les turpitudes de l’âme humaine, dans une Amérique où le FBI n’existait pas encore et où des zones de non droit faisaient la loi. D’ailleurs, la tuerie des Osages sera l’un des éléments déclencheurs pour créer le FBI, grâce à l’Américain, J. Edgar HOOVER qui mènera l’enquête. Celui-ci sera le premier Directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI) de 1935 jusqu’à sa mort en 1972.

 

 J. Edgar HOOVER  le 1er Directeur du FBI

 

Les mafieux et les indiens

Ne soyez pas effrayé par la durée du film (3h26) car pris dans la narration de ce drame humain et fresque historique, on ne voit absolument pas le temps passer ! Maître incontesté du 7éme art, Marty joue avec l’espace-temps en superposant, tout comme dans le film de Christopher NOLAN, Oppenheimer, des images en noires et blanc avec des séquences en couleurs. Ce choix stratégique et esthétique apporte une cadence magistralement rythmée à la narration. Sans compter cet incroyable casting qui avait fait vaciller la Croisette l’été dernier !

 

Montée des marches du Festival de Cannes avec Leonardo DiCaprio, Martin Scorsese, Robert De Niro et JaNae Collins

 

Killers of the Flower Moon réunit ainsi des têtes d’affiches qu’on ne présente plus : Leonardo DICAPRIO, Lily GLADSTONE, Robert DE NIRO ou encore Jesse PLEMONS. Marty se paie même le délire de faire une brève apparition (sans spoiler). Cette enquête à la poursuite des assassins d’indiens, par les colons américains, dévoile une Amérique qui a du sang sur les mains. D’ailleurs, l’un des personnages indiens du film cite le terme « génocide » en référence aux massacres systématiques commis contre son peuple. Le parallèle est également accentué sur le contexte politique de l’Amérique aussi divisée sur les questions ségrégationnistes. 

Membres d’une tribu indienne Osage

Encensé par la presse comme une œuvre majeure, le cinéaste des AffranchisCasino, Taxi Driver, House of Gucci, Joker, Jackie Brown ou encore Le Parrain partie 2, nous livre une fois de plus un film culte sur l’une de ses thématiques préférées :

L’introspection des familles criminelles, la mafia, la corruption, les trahisons, les drames humains et les destins brisés !

 

Le film le plus spirituel de Martin Scorsese

Le film joue avec les temporalités et l’influence de la culture indienne sur la narration qui rend le film plus « green » et parfois légèrement ésotérique. Une facette de SCORSESE qu’on ne connaissait pas forcément. L’influence de DICAPRIO, fervent défenseur de la cause animale et de l’écologie y est pour beaucoup ! Les références au dieu Wakanda tout comme dans le film de superhéros Marvel, Black Panther, de Ryan COOGLER, interpelle. Au même titre que ces symboles étranges qui annoncent la mort d’un personnage sous forme d’une chouette, ou les rituels de silence lorsque l’orage fait rage dans la réserve indienne !

 

Lily Gladstone et Leonardo DiCaprio interprètent un couple mixte dans une Amérique ségrégationniste

 

Ce film est bouleversant, d’autant plus qu’on y découvre un Leonardo à contre-emploi de ses rôles de beau gosse conquérant. Au contraire, il endosse l’habit (presque sur mesure) d’un abruti influençable, à la botte de son oncle (admirablement interprété par un De Niro au sommet de son art).

 

DiCaprio est époustouflant dans son jeu, car même son visage et sa physionomie adoptent l’attitude lourde, gauche et bête du con par excellence ! 

Le jeu de son épouse indienne, Molly, apporte du contraste et de la matière pour donner vie au scénario, grâce à son attitude silencieuse, posée et digne dans l’adversité. Un tandem Leonardo DICAPRIO/Lily GLADSTONE au réalisme saisissant.

 

Le réalisateur Martin Scorsese au Festival de Cannes 2023 entouré des acteurs du film Killers of the Flowers Moon

Des clins d’œil judéo-maçonnique

Certaines scènes distillent des clins d’œil, notamment celle où DICAPRIO se fait botter le derrière par son oncle dans un temple maçonnique. Les frères et les sœurs reconnaîtront les damiers au sol, les outils du grand architecte et les références aux valeurs d’« humanisme ». Cependant, cette référence est loin d’être positive dans le film, car sans spoiler l’intrigue, le personnage franc-maçon interprété par DE NIRO, transgresse quelques principes fondamentaux de l’Acacia (incorruptibilité, renaissance, métamorphose de l’être).

 

Robert De Niro joue le « parrain » de la réserve indienne

 

Même surprise concernant les juifs qui sont aussi égratignés, pour ne pas dire stigmatisés (toujours dans le contexte de l’époque d’entre deux guerres mondiales où le complot judéo-maçonnique battait son plein) car à plusieurs reprises les deux protagonistes joués par DE NIRO et DICAPRIO seront accusés d’être « trop juifs » concernant les questions d’argent.

 

Le film Killers of the Flower Moon fait aussi allusion au complot judéo-maçonnique

 

Vous remarquerez sans doute, l’analogie subtile que fait Scorsese entre les addictions et les « perversions ». Killers of the Flower Moon fait souvent allusion aux poisons de la société, tels que le sucre (cause de diabète), le sexe (cause de maladies vénériennes) et la cigarette (cause de cancer).  Comble de l’ironie, le paquet de cigarettes Lucky Strike s’affiche bien en vue dans les plans séquences tournées avec l’orchestre, notamment en clotûre du film.

Personnellement, j’ai aimé découvrir un autre pan de l’histoire des USA. Sans tomber dans un manichéisme ordinaire, Killers of the Flower Moon, nous fait voyager dans le temps, à l’époque des nations qui se construisaient dans le sang, et où l’humanité était sans pitié avec les êtres les plus authentiques, fragiles ou «mélancoliques » !

 

Post a Comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

error: Content is protected !!