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Mr Oneteas

Mister Oneteas, alias Anthony ALBERTI, peint sur les murs des villes internationales depuis 2005. Ambassadeur du recyclage, le graffeur monégasque, Mr Oneteas, recycle des objets pour les transformer en art nouveau. Portrait d’un artiste engagé et taquin!

 Par Estelle GUEÏ

 

 

Un artiste pluridisciplinaire 

Travaillant entre la France et les États-Unis depuis 10 ans, Anthony Alberti, alias Mr Oneteas, est né à Nissa la Bella en 1984.

Tour à tour photographe, peintre et sculpteur, c’est tout à fait par hasard qu’il découvre la culture du graffiti, après avoir eu un accident de voiture qui l’immobilise un certain temps. Comme l’artiste mexicaine Frida KAHLO qui peignait dans son lit, le jeune homme utilise ses longues journées et soirées de convalescence pour découvrir cette nouvelle pratique artistique.

Avant de peindre prés de 400 murs autour de la planète, Mr Oneteas s’empare de sa première bombe de peinture à l’âge de 20 ans, à Toulon, en 2005. Le déclic est immédiat !

Sportif, curieux et altruiste, le jeune homme utilise la culture urbaine pour diffuser des messages d’alarme à ses contemporains. Ses œuvres de rues sont perçues comme drôles, saisissantes, authentique et décalées. Elles sont les témointes muettes, mais représentatives, d’une société de consommation qui entrave nos libertés individuelles et notre épanouissement. Par exemple, pour lutter contre les dérives de la mal bouffe et des fast-foods, Mr Oneteas, réalise le «Wack Donald’s Project », où les clowns à l’effigie de la célèbre chaîne américaine d’hamburgers s’affichent sur les murs des villes internationales comme Prague, New York, Paris, Bruxelles ou Porto.

Portrait de la chanteuse Amy WINEHOUSE

Au gré de ses voyages, rencontres et échanges, le graffeur militant aiguise son style sur des supports vandales ou sur les murs plus conventionnels d’une expo. Conscient de sa personnalité atypique et insaisissable, Mr Oneteas se confiera : «dans le graffiti on a tous deux faces : la publique et celle de l’ombre. Ce Mr OneTeas c’est mon Mr Hyde à moi. Mon anonyme artistique.»

 Après avoir bourlingué, en 2011, Mr Oneteas commence à peindre des toiles. Il quitte son travail pendant l’été et monte dans la foulée sa première exposition. Tous ses tableaux se vendent. Ce qui lui permet de vivre une année entière, avant de recommencer la prouesse ! Sa carrière est lancée…

Autodidacte de la street Mr Oneteas gagne ses galons de noblesse, en affichant haut et fort ses convictions anticonsuméristes.

 

Gentleman Graffeur

Entre septembre 2013 et février 2014, l’artiste prolifique réalise un reportage sur l’histoire du Street Art, nommé “Mr OneTeas“. Pour le 50e Anniversaire de la “JCI” à Monaco, en Décembre 2013, Mr OneTeas provoque une rencontre unique avec le Prince Albert de Monaco en l’invitant à réaliser sur scène un portrait à quatre mains, en live, devant 600 personnes.

L’homme intrigue par sa conception du monde en affichant un optimisme à toute épreuve. A l’opposé du concept philosophique qui voudrait que l’art soit beau, universel et intemporel. Selon Mr Oneteas, son utopie est « de croire en un monde meilleur par la force de notre action. »

Une conception de la vie toute personnelle ; qu’il s’efforce au quotidien de réaliser, en construisant à son échelle, le monde dans lequel il aimerait vivre. Un univers où chaque objet est recyclé !

 

Ambassadeur du recyclage

L’artiste se définit comme un « collectionneur de trucs anciens » et « chasseur », qui au détour d’un trajet peut se garer pour récupérer un objet. Son idée fixe est « d’utiliser un objet du passé pour délivrer un message actuel »

Un besoin presque compulsif d’accumuler et d’immortaliser des objets de consommation obsolètes pour ensuite leur redonner vie et les partager au plus grand nombre.

Au-delà de la simple étiquette d’« ambassadeur du recyclage », l’objectif est de dénoncer une surconsommation toujours plus proliférante. Car comme il aime à le rappeler : « Nous ne sommes rien sans histoire, ces objets et matières font partie intégrante de notre évolution, puis ils passent de mode et tombent dans l’oubli. »

Ainsi, le message que veut nous transmettre aujourd’hui Mr Oneteas va à l’encontre de la société de consommation. C’est pourquoi il n’utilise que des objets usagés, qu’il recycle pour créer un objet nouveau. Un art nouveau.

Dans son atelier, l’artiste développe un concept artistique puissant qui va à l’encontre de l’obsolescence programmée. L’environnement médiatique, la politique et la culture l’inspirent à tel point que son message : Dare to be different, dare to be you” (Osez être différent, osez être vous), fait sens

dans une société ultra-normée, où les interactions sociales se mesurent au nombre de followers, où les amitiés se nouent et se dénouent aussi vite qu’un tweet, et où les émotions sont aussi éphémères qu’une story Insta !

 

L’influence des réseaux sociaux

Témoin de cet incessant conditionnement médiatique, politique et environnemental, Mr Oneteas met à contribution ses années passées sur le terrain pour démontrer le conditionnement dans lequel ses contemporains baignent inconsciemment. Ainsi l’artiste dénonce la façon dont les publicités diffusées à la télévision inculquent aux spectateurs une forme d’éducation, se substituant au rôle des parents. Cet objet intime, partie intégrante du cercle familial, a été rejoint par sa cohorte de nouveaux écrans apparus au cours de ces décennies. Smartphones et tablettes martèlent de plus belle un conditionnement incessant !

Chacun se souvient de l’expérience de Milgram, réitérée en 2009, démontrant le mécanisme d’emprise et de pouvoir sur les gens, à travers une figure autoritaire, incarnée par un présentateur télé. Selon Mr Oneteas, « Les résultats édifiants de ce jeu pervers prouvent qu’on est tous un peu abrutis par le divertissement de masse aujourd’hui. On ne passe pas au travers. Quoi que tu fasses, tu seras toujours conditionné, même si tu décides de vivre seul dans la montagne. »

L’artiste s’interroge et s’alarme sur « Le Reality Show » où sur Instagram la notoriété d’une personne se mesure avec le nombre de personnes qui la suivent… Au travers des réseaux sociaux, les gens vendent une réalité qui n’est pas la leur : « Avant même de regarder le contenu tu vas liker du fait de la notoriété. Comme un mouton, tête baissée, tu fonces. Une fille qui va montrer ses fesses va récolter des milliers de likes, alors que le type qui veut faire avancer le monde n’obtiendra qu’une attention minime. »

Un mode de communication hyper-connectée, qui signifie que les gens vivent aujourd’hui dans une réalité qui est en fait une virtualité.

Conscient du drame humain qui s’opère dans les coulisses du virtuel, Mr Oneteas admet : « on avance dans un monde où les gens ne sont plus centrés sur les autres, mais sur eux-mêmes. »

La solution selon lui est comparable à celle du tabac ou de l’alcool : « il faut consommer les réseaux sociaux avec modération. Je préfère vivre parmi le réel plutôt qu’au travers du virtuel sans ces réseaux, tu ne peux plus toucher le monde. On ne lit plus la presse papier ou très rarement. On le voit, les journaux mutent aujourd’hui sur internet. Les gens passent beaucoup de temps sur leurs écrans, emprisonnés dans leurs selfish phone. »

 

Mr OneTeas, Gentleman Graffeur

 

 

 

 

 

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