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Cinéma : Raghunath Manet

A la fois mentor, cinéaste, musicien et chorégraphe, Raghunath MANET, a présenté au Festival de Cannes le trailer de son 1er long-métrage « Retour à Pondichéry » tourné entre la France et l’Inde. Rencontre avec une personnalité hors-norme, habité par ses arts !

Par Estelle GUEÏ

 

De Paris à Pondichéry

C’est en plein cœur du Marais, dans le 4ème arrondissement de Paris, que l’acteur, réalisateur, musicien, chorégraphe et écrivain, nous accueille. Sur le pas de la porte, un sourire ultra-brite, des yeux noisette rayonnants et une chevelure brune soyeuse, se dessinent.

Raghunath MANET est fidèle à lui-même : solaire ! 

Après avoir présenté le trailer de son film « Retour à Pondichéry » au 76ème Festival de Cannes et au Festival Nirvana de la Culture & du Cinéma Indien de Saint-Tropez, Raghunath se pose quelques jours dans son appartement parisien décoré à la mode indienne. Il prépare son voyage pour s’envoler quelques semaines dans ce pays du sud de l’Asie, afin d’y promouvoir son film.

L’accueil est généreux. L’interview se prépare dans son grand salon donnant sur la rue des Rosiers. Tapis et tapisseries chamarrées confèrent à son intérieur une allure de palais du Maharaja. Aux murs, ses innombrable récompenses et titres s’alignent sagement, tandis que dans un coin de la pièce des instruments de musique typiques du pays attendent de faire retentir leurs cordes. Raghunath, talent aux multi-potentialités, joue aussi de la Vînâ. Avant de démarrer l’interview, il nous joue quelques airs de cet instrument ancien quasiment disparu. L’ambiance nous transporte hors de l’espace-temps, aux pays des vaches sacrées et de Bollywood (attention le cinéaste Raghunath a horreur de réduire l’expression cinématographique indienne aux comédies musicales mondialement connues, mais trop réductrices en termes de productions audiovisuelles).

 

Le recueil de poésie « Montmartre » lu par Raghunath Manet lors de l’interview avec Estelle Guei

 

Celui qu’on surnomme « L’enfant Chéri de Pondichéry » s’éclipse quelques instants avant de nous servir quelques spécialités de son pays. Du Dhal, une sorte de purée lentilles jaunes, des galettes bio (françaises) et du thé Indien. Mon amie Sylviane et moi-même, sommes conquises et curieuses de recueillir ses confidences d’homme spirituellement éclairé !

 

L’acteur Raghunath Manet et Sylviane Aguirre en interview

Une interview sous le signe de la spiritualité 

Pendant plus de 2h, Raghunath MANET nous raconte son combat pour aider les orphelins de son pays à s’en sortir grâce aux cours de danse que proposent son établissement en Inde. Avec émotion, il nous explique que la danse est comme une thérapie : « quand on touche au corps, on touche au temple ». Selon Raghunath « l’âme se soigne par l’art » Une conception de la vie et de l’humain qui l’a mené sur le chemin de la transmission depuis son plus jeune âge. Bien que n’étant pas orphelin, enfant, Raghunath aspirait à devenir médecin pour soigner ses petits camarades de classe. Impossible de rester indifférent.e aux histoires très difficiles racontées par ces enfants orphelins.

 

Souvent brimés, cassés, détruits de l’intérieur et de l’extérieur, leurs postures trahissent pour certains les mauvais traitements qu’ils ont subis ou les  traumatismes de l’abandon parental.

Raghunath nous explique avec tristesse, qu’en Inde de nombreuses prostituées ont dû abandonner leurs enfants sur le pavé, avant d’être enfermées en prison pour délits. D’autres enfants assistent à des scènes surréalistes, d’une rare violence, comme ce père qui a tranché devant son fils la tête d’un individu dans un moment de folie meurtrière… Toutes ces histoires plus terribles les unes que les autres, ont forgé le caractère de cet homme pourtant joyeux, plein de vie et de projets.

 

Raghunath Manet et son instrument de musique traditionnel indien, la Vîna

 

Il revient ensuite sur son combat qui s’exprime dans cette volonté de donner de l’espoir aux orphelins Indiens brisés trop tôt par la vie. Raghunath a ainsi décidé de réaliser un film où il met en scène une jeune orpheline, adoptée par un couple de lesbiennes françaises, qui décident de lui offrir un voyage en Inde pour ses 20 ans. Un voyage initiatique où la jeune fille sera confrontée aux réalités d’un pays qu’elle a souvent fantasmé. Pourtant, sur le terrain, la réalité sera toute autre. A l’instar de cette poignante scène où l’héroïne sera confrontée au racisme ordinaire par le biais d’un camarade indien surpris par son apparence : « Tu ne fais pas 100% française, ni 100% indienne ! » 

Retour à Pondichéry c’est aussi un film où la danse se mêle à la narration.

 

Raghunath Manet au Festival de Cannes

Raghunath y interprète d’ailleurs le rôle d’un danseur, âgé de plus 30 ans que l’héroïne, qui tombe amoureux d’elle. Le film aborde des sujets de société comme l’adoption, l’homosexualité, la différence d’âge au sein des couples et l’identité. On suit ainsi le processus de réintégration de l’héroïne tiraillée entre ses origines indiennes et sa culture européenne.

 

Film « Retour à Pondichery » de Raghunath Manet

 

Ce premier long métrage véhicule des enseignements spirituels propices à la réflexion. Le spectateur découvre les notions de shivaïsme, lois du Karma « on récolte ce que l’on sème » et l’art de vivre indien où la philosophie tient une place prépondérante. Raghunath aime souligner que « Le Shivaïsme a inspiré le bouddhisme ! » Puis, dans un éclat de rire, l’homme aux mille casquettes, lance une pirouette malicieuse, pleine d’humour, en se remémorant la façon dont il a posé sur le tapis rouge à Cannes, en esquissant des pas de danses : « Je suis venu spiritualiser le Festival ! » (rires)

 

Photo réalisée par Gilles Kyriacos au Festival de Cannes

 

Dans la lignée du cinéma d’auteur, Raghunath produit ses propres courts et longs métrages, pour interpeller l’opinion publique, les spectateurs et les institutions internationales sur la richesse culturelle de son pays et montrer son art au monde. Il fustige au passage « un monde occidental trop binaire ».

Tel un ambassadeur de l’Inde à travers le mode, Raghunath engrange les récompenses : médaille d’Officier de l’ordre des Arts et des Lettres reçu par le Ministre de la Culture Française en 2015, médaille de Chevalier des Arts et des Lettres en 2001 reçu par la Ministre de la Culture, Catherine TASCA, médaille Global Ambassador for Indian Music du Indywood Film Festival en 2018. La plus Haute Distinction lui sera remise pour récompenser son travail de promotion de la culture de l’Inde en France, par le Président de l’Inde en 2017 : le Pravasi Bharatiya Samman Award (PBSA).

                                       

Raghunath MANET a notamment une actualité riche puisqu’il publie 2 ouvrages, dans le cadre du Festival “Namasté France” (Festival de l’Inde en France) le 6 juillet 2023 à 17H. L’occasion de découvrir “GITA GOVINDA, ODE AU DIEU BLEU”, traduction des célèbres poèmes sur l’amour du XIIème siècle de Jayadeva. Vous pourrez aussi participer aux discussions littéraires à la Scène Musicale (au Grand Salon 1). La jolie photo en noire et blanc de couverture a été réalisée par le photographe Bruno REQUENTEL.

Le second ouvrage “L’INDE EN GUADELOUPE” collecte les chants Indo-guadeloupéens pour préserver et favoriser la transmission des savoirs des traditions Indo-guadeloupéennes.

Sortie du nouvel album “Veena Dreams” dans un esprit world vision and fusion (Label Plaza Mayor Company Ltd)

 

Avant de nous quitter, le cœur léger et l’esprit comme épuré, Raghunath MANET nous rappelle malicieusement l’essentiel : «Tout est possible dans la vie. Croyez dans vos rêves et osez les réaliser ! »

 

Le cinéaste Raghunath Manet et la journaliste Estelle GUEÏ

 

Apple Music : https://itunes.apple.com/album/id/1619978598

Spotify : https://open.spotify.com/album/0yAG43LrBnDJfdlJ7cPjml

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