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Cinema : Freda

Freda est un film moderne, universel, brossant au vitriol une société haïtienne en déliquescence, où les femmes réparent à bout de bras, les maux causés par les hommes. Entre corruption gouvernementale, irresponsabilité masculine, violences civiles, démission des hommes et une jeunesse révoltée, FREDA, est un ovni cinématographique, réalisé pour faire bouger les lignes !

Par Estelle GUEÏ

 

Partage & réflexions

L’ ex-journaliste, Audrey PULVAR, élue Adjointe au Maire d’ Anne HIDALGO et Conseillère Régionale, et l’éditrice du magazine KissCity Paris, Estelle GUEÏ

C’est dans le 14éme, au cinéma Les 7 Parnassiens, que la projection de l’avant-première du 1er film de la réalisatrice haïtienne, Gessica GENEUS, se déroule devant un parterre de VIP et de journalistes.

Nombreuses personnalités du 7éme art, du sport, de la politique et de la culture ont répondu présents à l’appel de la pétillante Directrice de l’agence K’S Communication, Keyza NUBRET GRAND-BONHEUR, spécialiste de la culture afro-caribéenne. C’est avec beaucoup d’émotions qu’elle présente l’équipe du film, qui a été sélectionné officiellement, cet été, au Festival de Cannes, dans la catégorie « Un certain regard ».

 

La révélation cannoise du cinéma haïtien

Dans un subtil jeu de portraits, la réalisatrice suit l’évolution de Freda, étudiante, évoluant au sein d’un environnement familial monoparental, dans les quartiers pauvres de Port-au-Prince. Ses journées sont ponctuées par les cours (lorsque les profs ne sont pas en grève), l’épicerie familiale où elle aide sa mère, les messes avec le pasteur libidineux, les fêtes endiablées et le SAV amoureux de sa sœur cadette, Esther, qu’elle doit assurer.

 

 

Une société matriarcale

Il est intéressant de constater que tout au long du film, la place de l’homme apparait seulement en filigrane. Tantôt absent, comme ce père que l’on verra apparaître qu’une seule fois à l’écran. Ou effacé, à l’image du frère de Freda, dont la mère fonde tous ses espoirs pour qu’il étudie aux USA. Il est même dispensé de repasser ses chemises « en qualité d’homme ». D’autres font des apparitions ponctuelles comme cet artiste épris de Freda et qui l’enjoint à quitter le pays pour vivre à St Domingue.

 

Choisir ou mourir

La question du choix est fondamentale dans ce film d’une force étonnante. Les personnages sont confrontés à leur propres interrogations, ambivalences et turpitudes pour fuir leur condition.

Ainsi, la cadette à la peau plus claire Esther, est-elle protégée tel un bijou pour épouser un riche sénateur qui la maltraitera.

Le complexe de la négritude est aussi l’un des thèmes du film. La peau doit être éclaircie à coup de crème, les cheveux lissés et le cerveau pas trop encombré par les velléités de diplômée.

Le spectateur découvre avec effroi une société archaïque, dominée par l’image post-colonialiste, la suprématie masculine et le sacrifice de soi.

 

Le footballeur Lilian THURAM

 

La condition de la femme Créole

La réalisatrice Gessica GENEUS et l’Adjointe au Maire de Paris et Conseillère Régionale, Audrey PULVAR

Avec brio, l’ancienne comédienne et chanteuse, Gessica GENEUS, plonge le spectateur dans les abîmes d’une Haïti rongée par les affres d’une guerre civile imminente et d’une jeunesse en proie à la misère sociale.

On se souviendra de la punchline de Frida lancée à sa cousine, lorsqu’elle apprendra qu’elle fricotte avec le fils « blanc » de la patronne, qui la voit uniquement comme un objet sexuel, alors qu’elle attend un « mulâtre ». Cette phrase cruelle sera révélatrice de sa condition : « Arrête de jouer a la bourgeoise, ton travail c’est tout ce que tu as ! »

Freda, c’est la peinture d’une société antillaise âpre, incapable d’offrir des perspectives d’avenir à sa jeunesse sacrifiée.

 

Dans ce chef d’œuvre d’humanité universelle, autofinancé par des passionnés, il n’y a pas de héros, mais des héroïnes, dignes, fragiles, idéalistes et besogneuses !

 

Patrick SIBOURD (NOUR FILMS), le distributeur du film Freda, Keyza NUBRET-GRAND-BONHEUR, directrice de l’agence K’S Communication, Samuel et Louis MERLE, les propriétaires des 7 Parnassiens

 

 

 

 

 

FREDA 

Réal. : Gessica Généus

Avec Néhémie Bastien, Djanaïna François, Fabiola Rémi

Bénin / France / Haïti

2021 – 1h33

Langues: Créole avec sous-titres

 

Prix spéciale découverte François Chalais au Festival de Cannes 2021

Grand Prix du Festival « Paysages de cinéastes » de Châtenay-Malabry

Prix des Femmes du Festival « Paysages de cinéastes » de Châtenay-Malabry

Distributeur : Nour Films

 

 

 

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