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Écologie : Gaspard Koenig défend les sols

Le Sentiment de Nature est-il humain ?

Figure emblématique de l’intellectuel français, le célèbre auteur du roman dystopique écologique, Humus, Prix Interallié (2023), Gaspard KOENIG, s’est exprimé sur le thème de l’environnement des sols, dans nos sociétés modernes au cours d’une conférence passionnante !

Par Estelle GUEÏ

 

 

KissCity Mag a rencontré le Philosophe et Écrivain, Gaspard Koenig, en conférence sur l’avenir des sols

 

Comment réconcilier Nature et Liberté ?

Bien que Libéral, le jeune philosophe et essayiste, Gaspard KOENIG, admet partager une vision du 19ème siècle, proche de Tocqueville ou plus lointaine, de Montaigne. Éclectique et ouvert dans sa vision de l’écologie, Gaspard cite également l’existentialiste Sartre, le philosophe et ancien Ministre de l’Éducation nationale, Luc FERRY, Thalès ou encore l’auteur du roman, Les raisins de la colère, Steinbeck.

Des références fondamentales, où le bon sens et la simplicité mécanique sont loués par des philosophes historiques, pour penser une écologie plus respectueuse des sols, de l’humain et du vivant

 

Selon Gaspard Koenig, il est vital de « pouvoir déconstruire, défaire ce qu’on a fait, pour protéger le vivant, sinon c’est la déconstruction pure et simple »

 

Tel Montaigne parti à cheval parcourir le monde, Gaspard KOENIG est lui aussi parti sur les traces du meilleur ami d’Etienne de la Boétie, marcher à travers la France. L’auteur de l’essai Agrophilosophie, habitant en Normandie, entouré de vastes forêts, admet « ne plus vouloir voyager en avion pour préserver l’écosystème ». Pour combler ses envies de parcourir la mappemonde, Gaspard s’intéresse à ce que sa terre Normande lui offre au quotidien, à proximité : « un jardin d’un hectare et demi à flanc de colline, entouré de pâturages et de champs ».

D’ailleurs comme l’écrivain-philosophe aime le rappeler : « Saviez-vous qu’à 40 cm sous vos pieds, se trouve le sol et que 10 milliards d’organismes vivants y vivent ? Des champignons, des verres de terre, et tout un tas de bactéries ! Alors au lieu de regarder les étoiles, baissons un peu la tête et admirons nos richesses en sol ! »

L’auditoire conquis, savoure le discours de cet homme érudit, passionné sur son sujet « l’agrophilosophie », les découvertes botaniques, tout en partageant avec humour ses réflexions politiques.

Ainsi, le Président Trump n’échappe pas à son humour ironique en usant d’une métaphore pour fustiger sa soif d’appropriations des ressources naturelles de ses voisins, comparant son appétit à celui des « macaques à longues queues »Un appétit d’ogre, qui détruit l’écosystème de leur zone naturelle, à l’instar de Trump en quête de minerais, terres rares et d’eau.

Derrière l’humour se cache pourtant une tout autre réalité géopolitique, puisque « le sol est devenu un objet social, politique et économique qui appartient pourtant à la collectivité ».

Or, comme nous le savons, bien avant le rapport Meadows « Les Limites de la croissance », publié en 1972 par des écologues « Il ne peut pas y avoir de croissance infinie dans un monde fini » !

 

Nombre de chercheurs et auteurs se sont penchés sur la place de l’homme au sein de la Nature et sur l’avenir des sols, que l’activité humaine détruit de plus en plus

Faut-il pour autant, pour sauver le vivant, aller vers la régression ? La décroissance ?

Gaspard KOENIG est ferme sur la question : « La régression peut aussi être un progrès ! » Pour appuyer son propos, le philosophe partage avec humour, à son auditoire une observation empirique survenue lors d’un voyage en train « Vous avez tous fait l’expérience de vous laver les mains dans la cabine d’un train. Et bien souvent le filet d’eau coule à peine, alors que des ingénieurs ont bûché dessus. On prie, on invoque les forces vaudou pour que cela fonctionne ! Hé bien maintenant, la SNCF a tout simplement décidé de retourner au système de la pédale, une mécanique qui fonctionne très bien pour avoir de l’eau ! »

 

La Fondatrice du média KissCity Mag, Estelle Guei et le Philosophe et Essayiste, Gaspard Koenig

 

 

 

Repenser autrement le vivant

Face aux personnes adeptes du progrès et plutôt circonspectes sur la réhabilitation de la pédale dans les trains, Gaspard enfonce le clou, en prônant l’importance de « pouvoir déconstruire, défaire ce qu’on a fait, pour protéger le vivant, sinon c’est la déconstruction pure et simple. »

Avec une vive émotion, le philosophe et essayiste nous partage son combat d’une vie pour lutter contre l’effondrement du vivant, nous alertant sur le risque d’une 6ème extinction. 

En effet, comme l’a confirmé l’organisme équivalent au GIEC pour les sols, l’IPBES, « les oiseaux n’ont plus de maisons et deviennent SDF » à cause du réchauffement climatique, l’effet de serre et l’activité humaine agressive, trop utilitariste, provoque la disparition de nombreuses espèces vivantes.  Les chiffres au niveau mondial sont éloquents : – 40 % d’insectes sont en déclin alors que 75 % des cultures alimentaires en Europe dépendent des insectes pollinisateurs (source Office française de la biodiversité),  411 espèces de champignons menacées d’extinction à cause de la déforestation et du réchauffement climatique, 20 millions d’oiseaux disparaissent chaque année en Europe, (notamment ceux des milieux agricoles), comme l’a confié le chercheur du CNRS, Vincent DEVICTOR, coordinateur d’une vaste étude sur le sujet.

Or, pour reconstruire un sol, cela nécessite 1.000 ans…Donc l’activité humaine détruit en une dizaine d’années, plus d’un millénaire d’espèces vivantes avant nous…Par conséquent, le risque est grand pour le maintien de l’espèce humaine dans les prochains siècles, voire années à venir…

 

Le progrès a du bon, seulement lorsqu’il ne se fait pas au détriment du vivant, de la nature, de la biodiversité, de l’humain.

Nous avons tous en tête le paradoxe suscité par l’usage des intelligences artificielles particulièrement chronophages en eau, alors qu’une simple recherche effectuée sur Google se révèle moins désastreuse pour la planète que le fait de dicter un prompt à Chat-GPT.

D’ailleurs, une anecdote 100 % vécue et assez risible si elle n’était pas aussi désastreuse pour la planète, me vient en tête. Alors que j’accompagnais un chanteur et comédien parisien, à son shooting photo pour son nouvel album consacré à Michel Berger, le photographe nous propose d’opérer la sélection des clichés pris en studio. Quinze jours plus tard, rendez-vous est fixé chez le photographe. Assis face à l’écran TV, les différents clichés HD défilent sous nos yeux attentifs.

Soudain, l’artiste s’exclame me voyant sortir prestement de mon sac, mon carnet de notes et un stylo pour noter les photos sortant du lot : « Mais Estelle, que fais-tu ?? Tu n’es pas moderne ! Regarde, moi je note TOUT sur ma tablette ou sur ma page note de mon Iphone. Laisse-tomber cette feuille de papier et stylo. C’est fini tout ça. Il faut vivre avec son époque ! » Pas convaincue pour autant, je l’observe pourtant prendre le relais et faire sa sélection en mode numérique.

 

Durant la phase d’entraînement de ChatGPT-3, 700 000 litres d’eau auraient été nécessaires, soit la consommation journalière de près de 4 700 Français

 

Après quelques minutes laborieuses passées à pianoter, stressé, déconcentré, renfrogné sur sa tablette, galérant pour noter les numéros des photos, tout en regardant l’écran TV, le photographe exaspéré par la scène ubuesque intervient : « Bon, Estelle, tu écris vite et réfléchis bien. Tu seras donc en charge de noter avec un stylo, sur une feuille de papier, les numéros des photos qu’on gardera soit définitivement ou temporairement ! On a assez perdu de temps avec ces histoires de tablette et d’écrans. Mon heure est précieuse. »

Autant vous dire que le temps perdu (20mn) fut vite rattrapé, grâce à la dextérité que procure l’usage simple de la plume (ou plutôt du stylo ou du crayon) sur une feuille de papier 

Cette anecdote rigolote, illustre à la perfection cette quête du progrès, qui parfois peut se révéler contre-productive ou pire, un jeu de postures pour se rassurer d’être un homme contemporain, bien ancré dans son époque, quitte à perdre le sens commun ou sa boussole intérieure.

Progrès et évolution humaine

De ce paradoxe entre progrès et efficacité, des gabegies peuvent en découler. Gaspard KOENIG, farouche défenseur de la cause des agriculteurs conscients des problèmes de sols, fustige cet « idéal du progrès », qui « hiérarchise les espèces » tout en détruisant « la quantité du vivant ».

En effet, alors que le gouvernement demande aux agriculteurs de respecter des contraintes, parfois contradictoires, dans un contexte où certains pays d’Europe n’ont pas les mêmes règles, ni les mêmes normes, dans un environnement hautement concurrentiel, il est nécessaire de simplifier, sans complexifier. 

 

Comment résoudre le paradoxe entre progrès et protection de notre civilisation ? Quelles sont les clefs pour que l’Homme préserve son environnement naturel, sans détruire l’équilibre écologique fragile ? Quel avenir pour notre planète et pour l’Homme dans les prochaines décennies ?

Ainsi Gaspard KOENIG conquiert son auditoire en démontrant de façon factuelle que la demande des « clauses miroirs » des agriculteurs est loin d’être un caprice, mais une cause vitale pour la santé des sols et donc, celle de nos estomacs.

D’autant plus que grâce aux neurosciences, aujourd’hui un lien a été scientifiquement établi entre la qualité des aliments ingurgités par notre microbiote et l’équilibre de la chimie de notre cerveau. Soit la santé mentale, qui est un sujet d’actualité pour des milliards de personnes autour de la planète !

 

Selon Gaspard Koenig : « La régression peut aussi être un progrès ! » 

 

Enfin, l’auteur qui prépare son nouveau roman « Aqua », autour des thèmes de l’eau et de la notion de valeur commune, propose de créer, à l’instar de ce qui existe déjà dans l’immobilier pour réguler les passoires thermiques« un diagnostic de la bonne santé foncière des terres agricoles entretenues par les agriculteurs ». Car pour le moment, le prix au m2 des terres situées en zone agricole et naturelle, sont soumis à un tarif très bas uniformisé, déterminé par la SAFER (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural). Or, cette sorte de DPE de l’immobilier foncier agricole permettrait de vendre plus cher certaines parcelles répondant à des normes de qualité.

Face à la politique de la terre brûlée, Gaspard Koenig part en guerre par le biais de ses livres et conférences, à l’image de Kevin, héros de son roman dystopique, Humus.

Gageons que le cercle vertueux prôné par ce jeune philosophe et écrivain, fasse des émules auprès des plus jeunes, comme les collégiens, lycéens ou plus petits.

Car, avoir conscience de la planète, du vivre-ensemble et du respect de l’écosystème, commence dès le berceau !

 

Gaspard Koenig, un Auteur et Philosophe engagé !

 

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