
Musée du Street-Art à La Défense
Le Zoo Art Show débarque à Paris
Niché sur 4 étages, dans un immeuble de 4000 m², à La Défense, un musée éphémère dédié au street-art, le Zoo Art Show, ouvrira ses portes, du 7 juin au 21 décembre 2025. KissCity Mag a visité les lieux et a discuté avec les graffeurs en avant-première. On vous dit tout !
Par Estelle GUEÏ
Paris, le 29 Mai 2025
Qui sont les graffeurs ?
Les aficionados de graffiti, de tags, de stickers et autres collages sauvages, pourront admirer sur 4 000 m² de surface, les œuvres de 500 artistes triés sur le volet. Qui sont ces artistes issus de la culture urbaine ? Comment les identifier, hors des galeries d’art, dans la rue ?
C’est simple : arrêtez de regarder vos sneakers. Sortez votre nez du smartphone et levez la tête ! Là, en regardant autour de vous, vous remarquerez forcément ces signatures urbaines, que vous croisez sans le savoir en allant en cours, à la salle de sport, au taff ou en vous baladant dans les rues de Panam City, ou d’ailleurs.
Ces writers qui marquent l’espace public à la bombe, aux fat caps, aux markers, à la colle ou à la mosaïque, ont des terrains de jeux bien privilégiés.
Séance de travail avec un graffeur entouré de son matériel au Zoo Art Show Paris La Défense
Leurs terrains de jeux de prédilection sont les wagons de métros (whole-cars), les flans blancs des camions, les bancs publics verts, les boîtes aux lettres jaunes, les tunnels sombres ou encore les rideaux de fer des commerçants. Communément appelés graffeurs, taggueurs ou slappers (colleurs de stickers), ces artistes urbains sont souvent en cavale ou condamnés.
Comme le célèbre graffeur Azyle (banquier le jour), qui a été condamné à 138K de dommages et intérêts par la RATP pour avoir taggué des wagons de métro, en mode punition (répétition du même blaze sur un support urbain). Plus récemment, un graffeur français, Théo CLERC, a été emprisonné en Azerbaïdjan pendant 14 mois, soit 422 jours, pour avoir peint également un graff dans le métro. Initialement sa peine encourue était de 3 ans. Grâce aux autorités françaises, le graffeur a pu être gracié…D’autres n’ont pas eu cette chance…

Le graffeur Azile a écopé d’une amende colossale pour avoir cartonné un métro de la RATP en tagguant des punitions (répétition de son nom en mode compulsif)
Comme vous pouvez le constater, la vie d’un artiste de rue n’est pas de tout repos !
Le concept de ce musée éphémère est de reproduire la jungle urbaine et de rendre hommage à tous ces graffeurs, poseurs de stickers, vandales (writer qui peint ou tagg des lieux non autorisés), adeptes des flops (lettrage ou graff basique sans remplissage), tagueurs névrosés biberonnés aux punitions, ou artistes du pochoir engagés contres des luttes sociétales.
Dans ce hall of fame j’ai croisé de véritables artistes peintres, comme la lyonnaise Adventis, spécialistes de l’art figuratif « et non graffiti » comme elle me le précise à maintes reprises. Sous son pinceau, les visages prennent vie de façon saisissante. Pour donner encore plus de vie à ses portraits, Adventis utilise différents alliages comme le bois, le tissu ou autres objets de récupération. Appelée une semaine auparavant, la jeune femme se sent tout de même triste de ne pouvoir participer à la soirée de lancement, faute d’émoluments, pour faire le déplacement Lyon/Paris…

La lyonnaise ADVENTIS, spécialiste de l’art figuratif en pleine création
Car, comme je le comprendrai au cours de ma visite et en discutant avec les artistes, certains ne seraient pas rémunérés et peindraient les lieux gratuitement, en échange d’une visibilité artistique et de matériel de peinture.
Un artiste qui a voulu rester anonyme me confie : « C’est dommage, car par exemple, les techniciens, eux, sont rémunérés, mais nous les artistes, qui sommes pourtant à la base du projet de musée urbain, ne percevons pas de rémunération… »
Le jeune homme déplore un système où la valeur de l’artiste est dévalorisée, alors que son œuvre est marchandée par des professionnels du marché de l’art.
Ce même sentiment amer transparaît chez certains graffeurs au talent certain, qui ont pourtant accepté « la collab » dans l’espoir de se faire remarquer et de « gagner de nouveaux projets ». Seulement, comme me le confie l’artiste : « J’ai participé à de nombreux projets gratuitement, même s’ils m’ont apporté d’autres collaborations, mais c’était encore du gratuit ! »

Les bombes, outils de prédilection des graffeurs
Dans le dédale de couloirs, au second étage, je croise Holdirty. L’allure débonnaire, les yeux rieurs un peu chinois, le graffeur de Montmartre peint une fresque aux lignes cassées rappelant le décor de La Défense sur un pan de mur. Le quadra qui travaille la journée dans l’univers de la prothèse dentaire, me montre ses sketchs (sortes de croquis colorés tracés à la main levée sur un cahier). L’artiste s’interroge à haute voix : « Comment intégrer les buildings de La Défense dans mon graff ? »
S’ensuit une discussion passionnante, où on se rend compte que les graffeurs disposent d’une grosse culture générale, qu’ils sont sensibles au beau, à l’art, et bien ancrés dans leur époque, qu’ils aiment dépeindre à travers leurs bombes, rouleaux ou pinceaux
Parmi les bombes, les pots de peinture, rouleaux et pinceaux, bouts de scotchs XXL et morceaux de plastiques, je croise aussi l’artiste Kan du crew VMD. Ancien graphiste pendant 17 ans à la télé, il aime « décomposer le réel en dépixélisant l’image ». Sa technique qu’il qualifie de « street pointillisme » est pointue et assez novatrice.

L’artiste KAN développe le concept du Street Pointillisme
En effet, inspiré par l’impressionnisme, Kan cherche la lumière dans chacune de ses œuvres, en la décomposant à l’aide de pointillés de couleurs, qu’il applique sur les murs avec des tampons ronds en mousse, qu’il fabrique parfois lui-même. Certains tampons peuvent aller jusqu’à 14 cm de diamètre pour les plus grandes façades urbaines.
Il ressort de son art au tampon rond, de ces pointillés de couleurs, un côté résolument geek. D’autant plus, que l’artiste pour s’y retrouver dans son jeu, applique des croix de couleurs sur le mur avant de la recouvrir d’un coup de tampon. Comme une sorte de « peinture codée ». Le résultat est bluffant. On devine déjà dans les premières esquisses, la silhouette d’un homme sortant des flammes d’un véhicule, auréolée de carnations jaune-orange-rouge parfaitement retranscrites par ces ronds de couleurs.

Le street-art fait partie de la culture Hip-hop, il renferme de nombreux courants comme le graffiti, le tagg, la mosaïque, la calligraphie ou encore le pochoir. Le street-artiste peut opérer en crew (équipe) ou en solo. Il peut peindre en vandale (interdit) et/ou exposer en galerie
Les graffeurs sont aussi taquins. Surtout quand ils aiment poser devant les journalistes, face à une fresque qui n’est pas la leur. L’artiste Sidney se prête ainsi au jeu de l’interview, posant devant un mur où se reflète le visage de la Princesse du vidéo game, Mario Bross. Le contraste est saisissant, car personnellement je suis étonnée que ce garçon puisse produire des œuvres aussi délicates et « girly », inspirées du monde kawai ou de la k-pop…

La journaliste-reporter, Estelle Guei, en mission immersive dans le milieu undeground du street-art parisien à La Défense, au Zoo Art Show, avec l’artiste Dizer
Après m’avoir fait marinée une bonne demi-heure, à la fin de l’interview, Sidney avoue enfin «son délit» et me montre in fine, son œuvre personnelle : une fresque à l’univers visuel très BD. Peuplée de silhouettes de femmes aux courbes sensuelles et de B-boys (personnages urbains très caricaturaux, chaussés de grosses baskets, habillés de jeans larges et affublés de lunettes de soleil et bobs arrimés jusqu’aux yeux ).

Le graffeur SIDNEY gentiment fallacieux
Devant ma surprise, l’homme aux rastas s’esclaffe, avant de remettre son masque pour se protéger des effets toxiques de la bombe. Ses rastas s’agitent au rythme de ses coups de pinceaux, aux gestes précis.
Redevenu concentré, Sidney donne la pleine mesure de son art, sur le mur du Zoo Art Show
Avant de prendre congés de Dizer, et de retrouver l’effervescence de La Défense, une fresque géante bleue, recouverte de poissons bleus et fushia, retient mon attention.
Voguant sur ce mur coloré, ces silhouettes aquatiques apportent un peu de poésie, comme un moment de respiration, dans cette jungle urbaine jonchée de taggs et de graffitis. Mes yeux admirent ce ballet muet de poissons-chats
Originaire de Paris, le graffeur BEERENS « joue sur les volumes et le mouvement ». L’artiste passionné et sensible à la perception du spectateur, m’explique qu’avant de peindre ses poissons, il « aime se projeter à la place du spectateur »pour déterminer le meilleur angle. L’emplacement de la tête du poisson-chat, de ses moustaches, ou de sa queue, n’est pas laissé au hasard !

Le graffeur BEERENS joue sur les volumes et le mouvement
Le nouveau place to be du graffiti
Revenons à ce musée sur 4 étages, comportant une trentaine de pièces dédiées au street art, réparties sur 4000 m² de superficie …Expérience plus conventionnelle pour donner au bourgeois ou au néophyte, le grand frisson de l’illicite, le temps d’une visite ! Bien entendu, ici, vous ne sentirez pas l’odeur d’urine, les bruits suspects, la boule au ventre, en ayant peur de vous encanailler, dans ce dédale de pièces customisées, par des artistes aux talents confirmés.
Dans ce bâtiment bien nommé le Zoo Art Show, la jungle urbaine et ses writers vandales sont apprivoisés. Ici, nul racket de bombes à la UV-TPK, guerres d’égos ou bâtiment taggué sans l’accord du proprio
En effet, en plein cœur du quartier d’affaires, le Zoo Art Show Paris La Défense, signe une programmation éphémère de 500 artistes nationaux et internationaux, dont certains sont même exposés en galeries comme Chanoir, Dizer,Zenoy, Astro, Seth ou encore Jonone.
Ce concept produit par le Lyonnais, Antoine ROBLOT, se veut « le plus grand street show indoor d’Europe ». Pensé comme une plongée dans le monde du street-art, le Zoo Art Show Paris, propose des lives shows, ateliers, restauration et de nombreuses animations répartis sur les 4 étages du musée éphémère.

Le lyonnais, Antoine Roblot, est le producteur du Zoo Art Show Paris La Défense
C’est donc en avant-première, que le média consacré aux Cultures Urbaines et au Lifestyle, KissCity Mag, a pu visiter sous l’égide du graffeur Dizer, ce nouveau place to be atypique et follement ambitieux !! Plongez dans une expérience de visite immersive en sons, effets, lumières et sensations, dès le 7 juin !
Vous pourrez apprécier des scènes spectaculaires retraçant l’histoire de la culture urbaine, à l’heure du déjeuner, le soir en afterwork ou le week-end. L’équipe du Zoo Art Show a pensé à tout, puisqu’un espace privatisable pouvant accueillir jusqu’à 300 personnes est également proposé aux entreprises pour organiser des séminaires originaux.
En outre, le musée immersif des arts urbains intègre en ses murs une Collection privée d’œuvre d’art d’un grand amateur de street-art, ainsi que des galeries parisiennes. ARTKIND, BRUGIER-RIGAIL, TAXIE GALLERY ou encore WALL WORKS seront présentes.

Le graffeur DIZER me fait la visite immersive du musée Zoo Art Show Paris La Déffense
L’immeuble la Maison de La Défense, va donc pendant plusieurs mois se transformer en un incroyable hub de la street culture pour notre plus grand plaisir !
A défaut de plan de métro, nous vous partageons la découpe de l’immeuble immersif, dont les étages sont scénarisés dans les moindres détails, dès votre entrée dans l’ascenseur. Comme si vous étiez dans un tro-mé défoncé !

Le Zoo Art Show Paris La Défense, c’est un immeuble de 4 étages entièrement dédié au street-art !
- 2ème étage – Art Show : une galerie underground exposant des œuvres originales d’artistes ayant fait entrer l’art urbain dans les institutions culturelles les plus prestigieuses.
- 3ème étage – Urban Playground : une explosion de formes, de couleurs et de vibrations dans un espace consacré aux installations numériques et immersives des artistes les plus visionnaires.
- 4ème étage – Streetart Maze : un labyrinthe visuel retraçant la scène street art des années 90/2000, période où l’art urbain s’ouvre au grand public.
- 5ème étage – Vandal Squat : une plongée dans les origines brutes de l’art urbain, le tout dans une ambiance de squat des années 80/90. Le tag, le graffiti old school et l’affichage sauvage y sont mis à l’honneur.
Le site offre également un espace de 1000 m² pour accueillir séminaires, pop-ups, ateliers, événements privés et professionnels, dans un décor artistique unique.
Une programmation riche et éclectique tout au long de l’année
Jusqu’à la fin de l’année, le musée éphémère de culture urbaine accueillera de nombreuses animations grâce à une programmation riche et éclectique :
- Mercredis, week-ends, jours fériés & vacances scolaires : ouverture au grand public
- Afterworks : DJ sets, food, drinks & animations
- Midis : visite + lunch pour les « workers » de La Défense
- Nocturnes : live shows urbains, soirées d’expériences inattendues en coproduction avec des invités de marque
A propos du collectif Zoo Art Show :
Créé en 2018, à Lyon, le Zoo Art Show est un acteur incontournable de la scène artistique urbaine avec à son actif 800 œuvres présentées auprès de 200 000 visiteurs depuis sa création, dans 3 expos XXL dans des lieux « urbex »emblématiques. Le collectif conçoit des expositions spectaculaires et éphémères dans des lieux atypiques, avec un ADN mêlant street art, culture underground et scénographies immersives.
C’est en 2025 que le collectif up-grade avec sa 1ère installation parisienne d’envergure, en plein cœur de La Défense, le plus grand quartier d’affaires d’Europe. Affirmant ainsi sa volonté de « démocratiser l’art urbain et de le rendre accessible à tous ».
Infos pratiques :
Ouverture du Zoo Art Show Paris, dès le 7 juin 2025, 1er musée immersif des arts urbains de la Capitale, dans un bâtiment situé sur le parvis à La Défense.
Une sélection inédite d’artistes nationaux et internationaux :
AROE | ASTRO | BABS | BATES | BRUSK | CAN2 | CASE MACLAIM | CHANOIR | CREEZ | DARCO | DIZE | GYZ | INSANE 51 | JABA | HOLDIRTY | JONONE | MARKO 93 | NOÉ2 | ONE MIZER | PRO176 | REMIO | ADVENTIS | SETH | SNAKE | T-KID | TONY NOËL | SIDNEY | ZENOY …
Horaires : Ouverture à partir du 7 juin, du mardi au dimanche (voir horaires sur le site)
Tarifs : Entrée 16€, tarif réduit 9 à 12€, gratuit moins de 4 ans (réservation en ligne obligatoire).
Site web : zooartshow.com
Adresse : Immeuble La Maison La Défense, 4 place de La Défense – 92400 Courbevoie
Billetterie disponible : https://tickets.zooartshow.com/fr