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Sylvain Tesson : Avec les Fées

Quand Sylvain Tesson cherche les Fées entre Ciel, Terre & Mer

Les Françaises et Français, sont-ils prêts à se télescoper, avec cet ovni littéraire, qui fait grand bruit dans les médias ? Livre méditatif et organique, « Avec les Fées » nous entraîne dans un sea trip, entre terre et mer, où les barrières du temps et les frontières sont abolies, pour rassembler l’espèce humaine autour du merveilleux. Sylvain Tesson, au sommet de son art.

Par Estelle GUEÏ

 

Une polémique qui ne cesse d’enfler

Alors que la polémique autour de l’élection de Sylvain TESSON comme parrain de la 25ème édition du Printemps des Poètes, à Montpellier, ne fait qu’enfler, l’écrivain à la plume aventureuse caracole en tête des ventes et la couverture de son roman, Avec les fées, se partage en masse sur les réseaux sociaux. 

Brulé sur le bûcher de la cancel culture, Sylvain TESSON fait face au tribunal du wokisme et à la police de la pensée. 1200 Signataires ont publié une tribune le 18 janvier dans Libération, dont la majorité est composée d’illustres inconnus subventionnés se revendiquant poètes, éditeurs, libraires, bibliothécaires, enseignants et acteurs de la scène culturelle française.

 

Le nouveau roman de l’écrivain-voyageur, « Avec les Fées » est N°1 des ventes 

 

Est-ce un crime d’aimer les traditions ? De vouloir s’élever physiquement et intellectuellement ?  De s’agenouiller devant Dieu ?  De contempler et de partager le merveilleux ?  De clamer les bienfaits de l’amour courtois, comme autrefois les chansons de geste* ? De comparer pour mieux apprécier ou déprécier les forces et faiblesse d’une nation ? De prôner l’unité, au lieu des guerres intestines ou la perte de sens ? D’alerter sur le caractère éphémère de nos vies et des risques que nous faisons prendre à l’environnement?

Depuis quand les cris du cœur d’un écrivain à la plume incontestablement romantique, qu’il soit noir, blanc, jaune, catholique, juif, musulman ou athée, de gauche ou de droite, hétéro, homo ou non-genré, est-il sujet à être blâmé ? Cette cabale inique est indigne de la France des Lumières.

Et si maintenant on parlait de l’œuvre de Sylvain TESSON ? Retour au calme, pour mieux apprécier la lecture contemplative de son nouveau roman « Avec les Fées », édité aux éditions des Équateurs.

 

 

Remettre de la poésie dans notre quotidien

Entre triskèles, épées, menhirs, promontoires et pierres dressées, Avec les Fées nous fait voyager dans 6 nations celtiques parcourues en moins de 3 mois. Dans son périple amphibien, mi-aquatique (bateau), mi-terrestre (vélo et marche), Sylvain TESSON, s’entoure de 3 fidèles compagnons, Benoît, Humann et Daniel du Lac, pour partir à la rencontre des fées. Qui sont-elles ? Les rencontrera-t-il sur les côtes espagnoles, bretonnes, anglaises, galloises, irlandaises ou écossaises ?

 

Un triathlon littéraire dont seul Tesson a la recette

 

Véritable triathlon littéraire, Sylvain TESSON nous embarque dans un récit flirtant entre ciel, terre et mer, où le temps semble tout à tour s’arrêter, s’accélérer ou remonter aux grés de ses pensées et digressions. Notre esprit suit les divagations de l’auteur habité par un sentiment d’urgence à vivre. On comprend mieux la notion « d’écriture thérapeutique » souvent citée par les écrivains. Cette rage de vivre a-t-elle un lien avec l’accident qu’il a subi en 2014 après avoir chuté du toit du chalet de son ami aussi écrivain, Jean-Christophe RUFIN ? En tout cas, si les chats ont 7 vies, Sylvain en a au moins 3 comme il l’écrit :

« Il y avait un moyen simple de vivre 3 fois : il suffisait de se munir d’un calepin et d’un voilier. D’abord on longeait la côte à pied. Puis on le racontait dans son journal. On revenait en bateau vérifier qu’on n’avait rien oublié »

Mué par des forces invisibles, l’auteur s’échine à chercher l’invisible. Pour cela, sa mémoire photographie les paysages visités, tout en nous enjoignant à restaurer notre regard vers ce qu’on ne regarde plus. Par la magie du verbe, TESSON nous donne envie de participer à ce spectacle féerique.  

 

Sylvain Tesson sonde avec sa plume le merveilleux, l’onirique, qu’il tente d’approcher du bout des doigts

 

Au fil des pages et de l’eau, se dessine un spectacle puissant et vivant de paysages qui se confondent, avec l’histoire de leurs habitants et la grande Histoire. On se demande alors si un « arrière monde » pourrait être à l’œuvre de tant d’enchantement naturel ? Un opérateur ? Dieu ?  Car il est indéniable que cet écrivain à la plume pure et poétique semble « capter les émanations de cette beauté » et s’abîme à cultiver le merveilleux. Aujourd’hui, l’idée de l’enfant intérieur est souvent évoqué dans les médias. Est-ce symptomatique d’un mal-être dans le monde des adultes ? D’un besoin de renouer avec le merveilleux, le sacré pour retrouver un élan de vie et peut-être, la foi en l’humanité ?

Autant de questions et d’introspections toutes personnelles, qui jalonnent le nouveau roman de l’auteur La Panthère des Neiges (Prix Renaudot). Dans sa recherche de pureté et de vérité, l’écrivain devient poète, voir médium, n’hésitant pas à contrer « les polices de la pensée », pour opérer une seconde révolution romantique où il évoque les plumes et personnages qui l’ont fait vibrer. 

Les références littéraires, musicales et cinématographiques sont riches et parfois même mainstream : Baudelaire, Chateaubriand, Hugo, Aragon, Michel Déon, le compositeur Debussy, Stephen King, Kubrick ou encore la reine d’Angleterre !

 

Sylvain Tesson est aussi surnommé l’écrivain-voyageur

C’est dans ce décor de falaises granitiques, de mer houleuse, d’impétueux orages et de lumière réfléchissant sur le ressac, que Sylvain TESSON donne la pleine mesure de son art.

Celui-ci est dédié à la nature, à la poésie, et à l’introspection pour se reconnecter à l’essentiel. Mais comment atteindre cette quête symbolique, capter « le sentiment des choses » ?

De poète à médium, il n’y a qu’un pas mon capitaine. L’écriture de la prose serait-elle un art visionnaire ? A certains moments, ses descriptions semblent être ressenties par l’auteur avec une telle intensité, qu’on frôle des phénomènes surnaturels !

D’ailleurs il ne s’en cache pas puisqu’il admet utiliser « ses instruments de captations naturels » que sont ses yeux, son odorat et le toucher. Il explique alors : « je ne suis plus qu’un mauvais instrument de réception des phénomènes, mais pourtant je les capte tellement violemment, qu’à un moment je n’arrive pas à aller au-delà de la captation immédiate, presque animale. Sensorielle» 

L’auteur a aussi de l’humour, car dans sa quête il confiera avec malice : « J’étais parti chercher le roi Arthur et l’enchanteur Merlin, je me retrouvais chez Leroy-Merlin.»

 

Le roi Arthur, les chevaliers de la Table Ronde et les fées

Trop de bitume, de nuisances sonores, de stress, nous coupent du merveilleux, du beau et de notre monde intérieur. Conscient de cette réalité partagée par des millions de Français(e)s, Sylvain TESSSON, nous prête sa plume et ses yeux pour nous faire réagir. Pour ma part, le pari est plutôt réussi, car depuis que j’ai lu ce livre Avec les fées, je ne serai plus jamais la même. 

 

La jeunesse française a besoin de mythes, de légendes et d’un roman national pour s’élever moralement, spirituellement et physiquement, tels des chevaliers aux valeurs nobles chevillées au corps, et à l’esprit.

 

Comment un roman peut à ce point nous ébranler, nous faire réfléchir, méditer sur le sens de la vie et l’importance de cultiver notre jardin intérieur ? Notamment notre cerveau et cœur…On repense alors à cette terrible citation de Marguerite DURAS sur l’ennui, grand mal de notre siècle : « Je crois qu’on ne lira plus, les gens continueront à écrire, mais les gens ne liront plus, la lecture restant l’apanage d’une classe fermée. Je ne voudrais pas être à la place des gens qui vivront après l’an 2000, toutes les conditions sont réunies pour que l’ennui soit vécu dans sa plénitude, l’ennui profond j’ai beau y penser à cette époque et je ne vois que ça, le développement de l’ennui, la recherche vaine d’un événement. »

Au lieu de baisser les bras, de grossir les rangs des dépressives et dépressifs, d’abdiquer face à l’ennui, qui est « la mère de tous les vices », Sylvain TESSON invoque les grands mythes, légendes et héros pour nous redonner foi en la Vie. Le cri du cœur se transforme en message d’espoir, décliné à l’encre bleue et noire sur des pages blanches.

 

Figure mythique du Roi Arthur Pendragon, seigneur Breton, héros des romans médiévaux, qui rprotégeait les îles Britanniques et de Bretagne armoricaine, face aux envahisseurs germaniques, à la fin du Vᵉ siècle.

 

Pour contrer le spectre de l’ennui, qui surgit souvent lorsqu’on est seul ou mal accompagné(e), TESSON a sa méthode : «Posséder une question à moudre quand on prend son quart de bateau par nuit calme, dans la solitude. L’ennui est le mal du siècle, ou plutôt sa mauvaise gestion ou disparition. »

Avec les fées, devient un roman de chevalerie empreint de « Celtomania » où on part avec l’auteur, par monts et par vaux, à la quête du Graal. Dans ce voyage celtique, on croise les chevaliers de la Table Ronde, comme sortis d’un roman arthurien de Chrétien de Troyes.

L’auteur veut-il nous faire vibrer et réveiller notre âme chevaleresque, à l’époque de l’amour courtois et de l’esprit de chevalerie ?

Toutes ces références au merveilleux, au moyen-âge sont un moyen symbolique de nous rappeler les valeurs de la vertu, de la pureté, du goût de l’effort, de l’apprentissage tout au long de la vie, de l’importance du sacré et la survivance de l’âme.

 

Qui est la fée de Sylvain Tesson ? Quelle est la symbolique mystique de la Quête du Graal ?

Je vous préviens : on ne sort pas indemne de ce livre qui opère sur le lecteur un véritable travail d’alchimie. Il nous interroge sur nos aspirations et nous met face à nos contradictions. Car « L’égo est le cœur de tous les maux ! Quelle triste ironie ! »

Ce bouquin est une Bible ou mieux, un guide de survie.  Plongez Avec les fées en écoutant Divano d’Erra et en sirotant un single malt distillé en Écosse 😉

*La chanson de geste est un genre littéraire européen du Moyen Âge dont le récit ressemble à un long poème mettant en scène les exploits guerriers des rois et chevaliers

 

Avec les Fées

De Sylvain TESSON

Aux éditions des Équateurs 

214 Pages

21 euros


Ce livre est…vivant !

 

 

Comments(2)

  • Max Régnier

    4 février 2024

    Je voue une véritable admiration à Sylvain Tesson. Il est un de nos derniers grands poètes authentiques, un immense écrivain dont le talent conquiert le monde et nous submerge par la pureté de son style et l’ extrême beauté de sa poésie.

    Aniche. Max Régnier
    Perpignan. Max Régnier

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