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David Desclos

Ancien Gentleman-Cambrioleur, spécialisé dans le braquage des banques, David DESCLOS raconte sous forme d’un incroyable one-man-show « Ecroué de rire » ses années passées en cavale et à l’ombre des prisons françaises. Un parcours atypique, mis en scène par le rappeur Stomy Bugsy, joué actuellement au Jamel Comedy Club, à Paris.

Par Estelle GUEÏ

 

Rencontre avec un Gentleman-Cambrioleur

Après être tombée par hasard sur l’affiche du one-man-show de David DESCLOS «Ecroué de rire » sur les réseaux sociaux, c’est avec curiosité que je me rends au Jamel Comedy Club dans le 10 ème arrondissement, boulevard de Bonne Nouvelle. L’univers carcéral ne m’étant pas familier, j’appréhende un peu l’interview avec cette figure de proue du grand banditisme français, comparée à Arsène LUPIN, dont les exploits stupéfiants furent relayés dans la presse, à l’aube des années 2000.

Quelle ne fut alors ma surprise, de voir à l’entrée du Comedy Club, un grand blond d’1m85, à la figure d’ange, aux yeux bleus rieurs et à la mèche rebelle, m’invitant à prendre place dans sa loge. A l’intérieur se trouve une cohorte de journalistes, photographes, fans, ami.e.s et famille.

Les questions démarrent sur les chapeaux de roues. Le personnage est exubérant, expressif et habité par ses années de cavale. On devine derrière son éloquence, un cerveau rapide, très tôt affuté à l’art de la filouterie. Dés l’âge de 14 ans, le Gavroche de la Cité des Sheitans, devait survivre dans un environnement âpre où il était livré à lui même.

 

Il s’entraîne en observant les « grands du quartier» qui commettaient de menus larcins dans les magasins, pour dérober de la nourriture et des vêtements.

C’est tout naturellement que David songe alors à faire carrière dans le grand banditisme, comme d’autres épousent une vocation de footballeurs professionnels ou de médecins.

A 25 ans, la légende de David DESCLOS est lancée !

Tout commença dans un quartier sensible de Caen, nommé « La Cité des Sheitans », où le jeune David grandit au sein d’une famille très pauvre, parmi les « rebeus et renois ». Alors que d’autres ados plus aisés volaient ou dealaient pour l’adrénaline, David choisit la voyoucratie pour des raisons pécuniaires. De vols en vols,  sa méthode s’aiguise, d’autant plus qu’il aime analyser les rouages des systèmes de sécurité des banques pour mieux les désamorcer et voler les contenus des coffres forts. L’Arsène Lupin,  se rêve en Robin des Bois « pour voler aux riches (les banques) et donner aux pauvres (les détenus et leurs proches) ».  Il devient alors un expert en la matière. Son nom commence à circuler dans le milieu, car ses compétences sont recherchées. Comme il l’expliquera sur scène, « la délinquance est un engrenage » car lorsque David est « à l’extérieur » (en liberté) il doit financièrement aider « ceux qui sont à l’intérieur » (les prisonniers). David DESCLOS met un point d’honneur à faire le distinguo entre les braqueurs et les cambrioleurs. En effet, les premiers utilisent des armes à feu, alors que les seconds manient l’art de la ruse et de la parole, pour commettre leurs délits !

 

David DESCLOS volait en filouterie dans les grandes surfaces

 

C’est un cercle vicieux, entraînant une cascade de délinquance…

Tenaillé entre le code de l’honneur de la rue, la loyauté envers « les potos incarcérés » et  l’impératif de « respecter sa parole d’homme », David rend des services qui lui coûteront sa propre liberté.

Comme ce fameux jour où il fut arrêté par la police, après avoir creusé pendant 4 mois, un tunnel dans les égouts pour atteindre la chambre des coffres de la banque Société Générale, de Caen. A quelques mètres du coffre fort, David et l’un de ses acolytes se font interpeller prés du butin. S’ensuivra une incroyable évasion alors qu’il est menotté dans le véhicule de police. Tandis que les policiers en civile tenteront de le ratrapper  en le suppliant de stopper sa course, David échappera aux filets de la justice de sa région natale, pendant plusieurs années, en mettant les voiles « vers Paris, la capitale des évadés ! »

 

 

Se cachant derrière son visage d’ange, le Gentleman-Cambrioleur travaille sous une fausse identité le jour et fait la tournée des discothèques ou des théâtres parisiens, le soir. Pure provocation, génie ou insouciance ? Le jeune homme aura l’audace de se produire sur les planches afin de raconter son incroyable cavale…Le public et les autorité n’y verront que du feu, jusqu’à ce que rongé par les remords, et métamorphosé par l’amour, David se rende par lui-même au Palais de Justice de Caen, pour purger sa peine « pleine plancher» en tant que multirécidiviste.

 

 

Le déclic amoureux

Sa femme, et mère de ses 3 enfants, Nora, son amour de jeunesse, a su remettre le bandit des grand chemins, dans le droit chemin ! Grâce à son amour, écoute, compassion, bienveillance et fidélité, David réalise peu à peu, que le bonheur réside dans la simplicité d’une vie accomplie, gagnée honnêtement. Lorsqu’il comprend enfin le sens de la vie, il filera sous les barreaux pour payer sa dette à la société en se rendant de lui-même, le jour de son jugement, au Palais de Justice de Caen. Et comme l’évasion n’était pas encore un délit, il ramena les menottes qu’il avait réussi à défaire, faisant rire la salle, impressionnée par son «culo».

Une rédemption que David DESCLOS a voulu partager au public, sous forme de one-man show, pour sensibiliser les plus jeunes sur la dangerosité de l’appât du gain et de l’argent facile. Un acte courageux, car il est difficile de se remettre en questions, après avoir compté parmi les plus gros bonnets cambrioleurs de la pègre française.

 

David DESCLOS en interview avec la journaliste Estelle GUEÏ au Jamel Comedy Club à Paris

 

Pendant 1h15, David DESCLOS dépeint un univers carcéral frémissant, touchant, où une galerie de personnages semblent être sortis d’un film d’Audiard. Les dialogues sont ciselés à la mesure d’un Jean GABIN. Le spectateur découvre la terrible réalité des drames humains se jouant derrière les tours des miradors. Des prisonniers en manque d’affection, cachetonnés, se droguant aux médicaments délivrés par le SMPR (Service Médico-Psychologique Régional) pour les « réparer». A travers le regard de l’ex-détenu, le spectateur ne peut rester indifférent sur ces abominables conditions de détention inhumaines sévissant dans les prisons françaises.

 

 

La réalité du monde carcéral vibre en musique, revêtue de lumières blafardes, tandis qu’au fil des dialogues les prisonniers se déshumanisent, pour laisser place à des zombies sous zolpidem, morphine et autres substances anxiolytiques…

 

« Derrière chaque sourire se cache une blessure » dit l’adage populaire. Une vérité terrible, puisque sans se départir de son humour et sourire enjôleur, David dénonce la violence psychologique que subissent les prisonniers de Fresnes. La détresse qui les isole, amenant certains à se faire passer pour fous ou dépressifs, afin de gagner des heures de parloir avec leurs proches. 9h par semaine au lieu de 3. Une durée triplée, prise au risque de perdre leur santé mentale et physique. Car pour avoir des heures supplémentaires, les détenus doivent subir un traitement chimique, un cocktail de médicaments explosifs  les rendant inaptes physiquement et mentalement à la  pratique d’un sport. Comment ne pas rire jaune, lorsque David évoque ce gardien de prison enjoignant les détenus à faire une partie de basket, alors qu’ils sont serviles et sous l’influence des camisoles chimiques, les empêchant de ressentir toute énergie vitale ? Voilà comment on traite les détenus dans nos prisons françaises. En les soignant à coups de traitements propices à les rendre amorphes, au prétexte de vouloir les « réparer ». 

 

Ces témoignages glaçants laissent sans voix.  On se surprend même à verser une petite larme, car derrière ces caïds, se cachent des hommes aux coeurs sensibles, prêts à se remettre en questions par amour ou prise de conscience.

 

Lors de la promo du one man show sur le plateau de Sud Radio avec le chanteur et acteur Stomy BUGSY metteur en scène du one man show de David DESCLOS

 

Le jeu scénique de David est musclé. Alternant les moments presque d’hystérie masculine pour décrire l’état mental des prisonniers et les moments d’amusement, lorsqu’il dépeint ses menus larcins.

En filigrane, on imagine un grand gamin qui vit à la ville, comme à la vie : chaque jour est un nouveau défi pour l’artiste, qui remet son titre en lice, à chaque nouveau spectacle !

« Ecroué de rire » s’annonce comme la révélation de la fin de l’année 2021. Il se murmure même que Cyril HANOUNA, l’animateur et producteur TV, produirait une série diffusée sur Canal + inspirée de la vie trépidante de David DESCLOS.

Un deuxième volet « Ecroué de rire » est déjà également en préparation.

The show must go on !

 

Stomy Bugsy, Cyril Hanouna et David Desclos

Comments(2)

  • Virus

    21 décembre 2021

    Propre

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