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La RP des VIP Antillais

KEYZA NUBRET GRAND-BONHEUR

Fondatrice de l’Agence K’S Communication

Fille de de Marcellus NUBRET, entrepreneur guadeloupéen qui a créé dans les années 70 les franchises internationales de clubs de sport branchés « Shape Up Nubret », Keyza a été à l’initiative des premiers championnats de Guadeloupe de gymnastique sportive, de compétitions de fitness et de marathons. Après avoir fait la une du Nouvel Obs, la quadra dynamique compte parmi sa clientèle de VIP des personnalités comme l’ex-champion du monde de football Lilian THURAM, William GALLAS, Grégory BAUJET, Christian de MONTAGUERE ou encore le réalisateur Jean-Claude BARNY. Rencontre avec une femme de réseaux, de construction et d’influence !

Par Estelle GUEÏ

 

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Bonjour Keyza, vous êtes responsable de l’agence K’s Communication, société spécialisée dans les relations publiques, relations presse et communication événementielle. Vous êtes aussi une femme politique et chroniqueuse de la web-série « L’écrin politique ». Racontez-nous votre parcours de femme leader !

En 2004, j’ai créé à Paris mon agence de relations publiques et relations presse K’S Communication, avec pour fil rouge le multiculturalisme et la mise en valeur de la diaspora. Avant, les influenceurs digitaux étaient surtout des personnalités publiques qui étaient sollicitées pour participer à des événements. On disait «celebrity marketing ». Par exemple, le footballeur Lilian THURAM, pour lequel je m’occupais des relations publiques, était demandé pour participer à des events, des émissions TV et des projets en lien avec ce qu’il aimait. En tant que femme issue de la diversité

J’aime créer des ponts dans un monde multiculturel qui bouge !

 

Comment avez-vous développé cet engagement pour la communauté ultramarine ?

Lors de ma rencontre avec le Dr Serge ROMANA, ex-président du CM98 (Comité marche du 23 mai 1998 : http://cm98.fr) Professeur en génétique, il dirige le service histologie, embryologie et cytogénétique de l’Hôpital Necker-Enfants malades. Atravers de très longues discussions, j’ai découvert un travail de recherches et une mine de connaissances incroyables qui m’ont sensibilisé sur notre Histoire liée à l’esclavage colonial et à la souffrance de nos aïeux. Cette Histoire n’était pas racontée aux Antilles. On nous a appris à en avoir honte. Le sentiment de culpabilité était inversé. Les bourreaux ont été dédommagés, étaient fiers et portaient sur eux la réussite tandis qu’il fallait oublier vite l’Histoire de nos aïeux victimes et ne pas parler.

Vous êtes aussi une femme politique très investie auprès des ultramarins. De quelle façon contribuez-vous à plus de justice pour les territoires d’Outre-Mer ?

En travaillant avec ceux qui traitent de sujets tels que le BUMIDOM (BUreau pour le développement des MIgrations dans les Départements d’Outre-Mer). Lorsque les usines ont fermé en masse en Guadeloupe, une grande partie de la population s’est retrouvée au chômage. Par conséquent, l’Etat français a entrepris une campagne de recrutement afin de les faire venir en Métropole, en leur faisant miroiter une vie meilleure. Or, en arrivant sur place, il s’est avéré que les seuls postes qui leur étaient proposés étaient ceux que les hexagonaux refusaient… C’est la raison pour laquelle vous trouvez beaucoup d’ultramarins à la RATP, dans les hôpitaux de Paris ou à La Poste.

Alors qu’une grande partie de la population cantonne ces personnes dans l’étiquette du fonctionnaire assisté, il y a une Histoire et même des histoires tragiques pour certaines familles, humiliantes pour d’autres mais également beaucoup de réussites. Ce qui est nécessaire, c’est que ces histoires de France soient connues afin d’éviter les clichés et les propos racistes de tout bord. Or, il y a toute une génération qui ne connait pas ce pan de l’Histoire France et il est important que les ultramarins arrivés en Hexagone, avec le BUMIDOM, n’en aient pas honte et puissent en parler. Les associations utramarines contribuent ainsi à maintenir le lien social, la transmission culturelle et la solidarité. L’objectif est de valoriser la culture des territoires des Outre-Mer, de la préserver et de la transmettre aux nouvelles générations.

 

Être femme et noire, est-ce un handicap dans notre société française contemporaine ?

Hapsatou SY Entrepreneuse, animatrice et chroniqueuse de télévision française.

Selon moi, il est indéniablement plus facile d’être une femme noire à Paris que dans un village de l’Hexagone. Loin des grandes villes, c’est plus compliqué, car le regard y est pesant et oppressant. Il ne faut pas nier l’inégalité homme/femme et on ne peut pas non plus prétendre qu’il existe une égalité entre la « femme blanche » et la « femme noire ». Je tiens à ajouter qu’aux Antilles, le contexte colonial a fait que les femmes ont toujours travaillé en parallèle des tâches ménagères. Elles ont très tôt mené des luttes pour obtenir un salaire égal à celui des hommes. Les antillaises ont mené leur propre lutte et se sont politisées très tôt. Je ne pense pas que l’Histoire des féministes dans l’Hexagone intègre véritablement l’apport des femmes des Outre-mer dans leur héritage. Les premières députées noires ont été la guyanaise Éboué-Tell Eugénie en 1891 et la guadeloupéenne Gerty Archimed, en 1909. Je déplore qu’elles ne fassent pas partie des 318 noms proposés dans le cadre de l’initiative « Portraits de France » par l’historien Pascal Blanchard et son équipe de scientifiques. En revanche,

Il est important de souligner qu’il y a une nouvelle génération de jeunes femmes noires en Hexagone qui se battent et affirment leur libre expression sans complexes. C’est une génération qui a confiance en elle.

 

Rokhaya DIALLO, Journaliste, auteure, militante antiraciste et féministe, éditorialiste et réalisatrice française. Cofondatrice de l’association Les Indivisibles, elle est l’auteur de plusieurs livres et documentaires engagés.

 

Comment définiriez-vous le peuple antillais ?

En voulant définir une communauté, on peut facilement tomber dans les clichés. Les Antillais sont des personnalités individuelles avec une construction qui va se définir en fonction de leur vécu, de leur éducation et du lieu où ils ont grandi. Comme tous les êtres humains, ce sont des individus uniques… Après, je pense que c’est un peuple résilient, très présent à travers le monde, courageux, créatif, mais également ambigu dans ce qu’il est ou dans ce que l’on voudrait qu’il soit. Il peut être tout et son contraire, et dire tout et son contraire ! Cette complexité s’explique par sa construction. Il n’a pas encore fait la paix avec lui-même et n’a pas suffisamment d’estime pour ses aïeux, pour les siens. Il a besoin de reconnaissance. On ne lui a rien donné, on ne lui a rien demandé et il a fallu qu’il se batte pour tout obtenir, contrairement à ce que les histoires racontent. Cette dualité est bien représentée dans la littérature antillaise.

 

La construction de notre identité est riche d’histoires violentes, d’histoires d’amour, d’histoires de couleurs et il n’est pas facile de faire cohabiter tout ça dans une tête pour demander à une population de faire peuple.

 

Quelles sont les femmes qui vous ont inspirées ?

Ma mère a été mon premier modèle de femme inspirante. Indépendante, forte, hyper cultivée et libre, elle m’a ensuite permis de découvrir la vie de Gerty Archimed et de toutes ces femmes guadeloupéennes qui se sont battues pour élever socialement des générations de guadeloupéennes et de guadeloupéens en leur permettant d’aller faire des études. Je trouve également la liberté de Maryse Condé très inspirante.

Enfant, quelle petite fille étiez-vous ?

Je suis née en Guadeloupe, dans une ville nommée Le Moule. Petite, je suivais une scolarité chez les sœurs, à proximité de la maison. Cette ville était très agréable à vivre et je m’y sentais en sécurité. Je me souviens justement de ces dimanches où je quittais l’uniforme scolaire pour enfiler une « robe girly », très endimanchée (rires). Mon père étant entrepreneur d’une société internationale de salles de sport, nous avions une enfance agréable.

Un conseil que vous donneriez aux nouvelles générations de jeunes femmes qui veulent se lancer dans la vie politique ?

Dans la vie politique, il faut s’intéresser à la vie de la cité, être proche des citoyens, aimer les gens, échanger avec eux, s’intéresser à leur quotidien et à leurs besoins. Pour commencer, il est primordial de s’investir dans la vie de sa ville à travers un engagement associatif. Par exemple, défendre la cause écologique, la culture, le sport, le handicap, les animaux ou toute autre passion à laquelle vous êtes sensible.

Et pour réussir dans les affaires en tant que femme ?

La première chose est de ne pas avoir peur d’échouer, car c’est une pensée limitante. Avoir confiance en son projet. L’écrire sur une feuille de papier. Puis organiser les différentes étapes à mettre en œuvre pour concrétiser et réaliser votre projet.

 

Le secret de la réussite entrepreneuriale est de s’inscrire dans l’action !

 

Votre plus belle réussite ?

Ma fille !

Keyza NUBRET en couverture du journal Le Nouvel Observateur

Votre secret du bonheur ?

Chacune a sa recette du bonheur.  Ce qui compte est de se sentir bien dans ce que l’on a réalisé. Beaucoup sacrifient leurs désirs de famille pour faire carrière… Même si vous n’êtes pas millionnaire, ce qui compte est d’être bien dans sa vie, bien dans sa peau, d’être sereine et de faire ce que l’on aime. C’est la plus belle réussite !

L’erreur ou l’échec, que vous préférez oublier, mais qui vous a appris ?

Aujourd’hui, je n’ai plus de regrets. Plus jeune, j’aurais aimé convaincre mon père de certaines choses concernant ses affaires…. Peut-être que je manquais d’expérience…

Keyza NUBRET, la CEO de K’S Communication, femme engagée en politique et d’influence !

Vos astuces pour vous déconnecter ?

Déguster des glaces HAAGENS-DAZS ou du chocolat, lire, regarder des documentaires ou des films et discuter avec ma fille pendant des heures !

 

Votre définition très personnelle du leadership au féminin ?

Être la CEO de sa vie !

 

Quels sont vos projets pour 2022 ?

J’en ai tellement ! En 2021, j’ai envie d’être plus loquace. En 2019, j’ai été confrontée à 2 deuils familiaux successifs. Aussi ai-je décidé de me construire dans une autre dimension… Tout en continuant de réaliser de belles choses en lien avec ce que j’entreprends et mes valeurs !

* Photo en couverture d’article de Louisa BETMAN « Hommage aux activistes féministes qui ont changé notre monde »

 

 

www.agenceks.com

http://cm98.fr

Instagram : KEYZA_NUBRET et AGENCEKS

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