Omar la Fraise

Présenté hors compétition au Festival de Cannes, le premier film d’Elias BELKEDDAR suit les aventures de deux bandits français exilés en Algérie. Un cocktail d’amitié, d’amour et de violence en salle dès le mercredi 24 mai.

La Rédaction

 

Derrière les apparences de film gangsters, c’est bien une histoire d’amitié dont il est question dans le premier long métrage d’Elias BELKEDDAR. Une sorte de « bromance » mêlée aux excès de violence, d’alcool et de drogue qui donnent parfois des airs comiques et cocasses aux deux bandits que sont Omar (Reda KATEB) et Roger (Benoît MAGIMEL).

 

Exilés à Alger pour échapper à leur peine de prison, Roger pense qu’il est temps pour Omar de se repentir. Avec son marcel blanc, sa chemise vintage à motif et son jogging, ce dernier n’est pas tout à fait d’accord. La France et surtout ses frasques parisiennes lui manquent, il subit son exil et erre dans son immense villa complètement vide. Entre les boites de nuit et les défonces les deux hommes qui se connaissent depuis l’enfance, tournent en rond.

Le film dépeint donc les portraits de ces anti-héros, qui, en deçà des scènes de violences qu’ils offrent, sont racontés avec justesse. Elias BELKEDDAR n’occulte ni la violence de la thématique choisie ni la tendresse humaine que l’on peut retrouver dans les personnages. Loin du stéréotype du bandit fronçant les sourcils au fond de son canapé.

Omar et Roger, trafiquants et assassins sont aussi des mecs drôles, qui peuvent s’avérer touchants. Leur lien fort qui résulte d’enjeux comme la mort ou la prison, est le fondement même du film et c’est peut-être ce qui rend leurs personnages si palpables.

Roger joue le protecteur et tente d’éviter qu’Omar replonge dans ses travers. Ce dernier trouve un travail respectable dans une usine de biscuits orientaux dans laquelle il rencontre Samia (Meriem AMIAR), cheffe d’équipe, bosseuse et déterminée à garder son indépendance. C’est sous l’œil protecteur de son frère de cœur qu’Omar tente de la séduire maladroitement. Même si la romance entre Samia et Omar est sûrement trop peu développée, c’est cette parenthèse affectueuse qui rend un peu d’humanité au personnage de Reda KATEB.

Malgré un job rangé, une histoire d’amour et tous les efforts de Roger pour le protéger, rien n’y fera, Omar sera vite rattrapé par la violence qu’il a toujours connue.

Né de parents algériens, Elias BELKEDDAR filme l’Algérie comme il a pu la vivre. En essayant de ne pas tomber dans les caricatures des pays de Maghreb, le réalisateur balade sa caméra au gré des aventures des deux complices, variant les paysages. On passe donc d’un décor de carte postale, entre plage, mer et désert, aux bas-fonds de la ville et ses bidonvilles.

Outre Omar, Roger et Samia, les principales figures du long métrage sont mineures. Ils sont mis en scène commettant le pire, en bande organisée, en petits délinquants dans les rues d’Alger. On se rend compte de la violence à travers des bagarres sanglantes, peut-être un peu trop parfois pour les âmes sensibles. Le risque était de trop associer l’Algérie à la misère, à la violence et au trafic, clichés dont Elias BELKEDDAR était évidemment conscient. Le travail a été bien fait, rien n’est laissé au hasard entre costumes, bandes sons et personnages. Le défi est finalement relevé.

Omar la fraise, actuellement au cinéma.