L’Amour et les Forêts

La réalisatrice Valérie DONZELLI est de retour avec ce qui s’apparente être son meilleur film. L’Amour et les Forêts, est une adaptation du roman éponyme d’Éric REINHARDT. Présentée au Festival de Cannes, cette fiction psychologique sur l’emprise exercée par un pervers-narcissique, est tout à fait bouleversante. Une collaboration transcendante entre Virginie EFIRA et Melvil POUPAUD !

La Rédaction

 

Le cinéma derrière la porte fermée de la maison

Blanche nous raconte son histoire d’amour avec l’envoûtant Grégoire LAMOUREUX. Elle recroise son chemin par hasard, séduite par le charme et l’assurance de cet homme, elle pense rencontrer celui qu’elle cherche. Les liens se tissent rapidement, l’amour les consument à une vitesse folle. Grégoire choisit les bons mots, Blanche donnerait tout pour lui, ils déménagent. Fusionnelle avec sa mère et sa sœur jumelle, la professeure de français s’éloigne de sa Normandie natale pour rencontrer les forêts de la région de Metz. Elle s’ouvre alors à une nouvelle vie, avec l’homme qu’elle a suivi. Jours après jours, mois après mois et années après années, elle se retrouve sous l’emprise de Grégoire LAMOUREUX, possessif et dangereux, qui ne l’aime pas de la bonne façon.

 

Valérie DONZELLI parle d’amour d’abord à travers les couleurs. Elle le filme avec du rouge et du bleu pour évoquer la passion et l’effroi. En vert, la sérénité, la quiétude, la forêt. Les couleurs parlent d’elles-mêmes et ces choix rappellent la ligne fine entre l’amour et le rapport de force ; entre l’amour et la possession. C’est ainsi que la réalisatrice met en scène les mécanismes de l’emprise, souvent invisible, et la descente aux enfers de Blanche, éperdument amoureuse. La mise en scène rend l’histoire atemporelle, le récit est transposable à l’infini et dans l’air du temps. C’est l’histoire des femmes d’hier, et d’aujourd’hui entre quatre murs d’une maison, lorsque le porte est fermée. 

Nous sommes plongés au cœur de cette maison où le couple EFIRA/POUPAUD brille par la complexité de leur personnage. La structure donne le ton : Blanche se confie à son avocate. C’est par cette mise à distance que nous comprenons que l’histoire se raconte au passé.

La mécanique du pervers-narcissique

On découvre alors Grégoire LAMOUREUX, « un homme à la main de fer dans un goût de velours ». Le mari maladivement possessif est effrayant, oppressant. Celui qui, au début du film semble si attentionné et aimant. Un personnage si complexe qu’on pourrait presque ressentir de l’empathie lorsqu’on le voit se regarder dans le miroir. C’est ici que réside la réussite de ce film. Le pervers narcissique est celui qui parvient à manipuler tout le monde et à se faire passer en victime.

Melvil POUPAUD a su rassembler tout son talent pour donner à cet homme ce qu’il y a de plus vrai.

 

Face à lui, Virginie EFIRA, brillante comme toujours. Dans le rôle de Blanche et de sa sœur jumelle, l’actrice parvient encore à nous surprendre. Elle incarne la femme sous influence, forte et majestueusement vulnérable. Très rapidement séparée de sa sœur à cause de son déménagement, c’est la première étape de la toxicité de Grégoire : l’isolement de sa famille. L’engrenagedans laquelle la femme se trouve prisonnière piège même le spectateur qui pourrait se reconnaître sur bien des aspects. L’histoire de Blanche porte la voix d’innombrables femmes impuissantes face aux mécanismes impénétrables de l’emprise. 

Virginie LEDOYEN, Romane BOHRINGER et Bertrand BELIN sont aussi à saluer dans leurs rôles de protecteurs, impeccablement incarnés. 

Avec L’Amour et les Forêts, Valérie DONZELLI offre un film fort et bouleversant par sa thématique et son casting parfait. Un long métrage puissant et dans l’air du temps, et qui pour sûr, deviendra incontournable pour la lutte contre les violences faites aux femmes. 

 

A retrouver dès aujourd’hui dans vos cinémas !